Le racisme antiarabe et l'islamophobie se sont «débridés» sur Internet depuis les émeutes dans les banlieues françaises et les propos d'hommes politiques classiques qui reprennent du vocabulaire normalement réservée à l'extrême droite, estiment des militants de la lutte contre la xénophobie. «Le fait que Nicolas Sarkozy ait employé le mot ??racaille?? ou que De Villiers parle d'??invasion musulmane?? à l'occasion des émeutes, a fourni un bain de jouvance aux extrémistes sur Internet», explique Mouloud Aounit, le dirigeant du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap). «On assiste depuis à une explosion de délires racistes antiarabes et antimusulmans», selon lui. Si les sites tentent parfois de garder des apparences de respectabilité pour échapper aux sanctions pénales, les forums sont, en revanche, de véritables «arrière-boutiques de la haine», estime M. Aounit. «Le racisme a un aspect cyclique sur Internet», explique-t-il. Ainsi les sites les plus actifs dans la propagation de la haine sont nés des cendres de SOS-racaille, une nébuleuse d'une trentaine de sites démantelés en 2003 et formés d'extrémistes qui s'étaient connus sur le Net. France-Echos, SOS-France et Occidentalis sont, selon le spécialiste, les trois principaux héritiers de la mouvance antiarabe qui domine le net francophone de la haine. Ils présentent tous les trois les Arabes, les Noirs et les musulmans comme des corps étrangers à la société française, maniant tour à tour l'amalgame, l'insinuation et l'insulte et réunissant un cocktail détonant de sympathisants du Front national, de De Villiers ou encore des nostalgiques de l'Algérie française.