Les idées de l'extrême droite ne sont plus inacceptables, si l'on en croit les sondages. Les Français seraient de plus en plus nombreux à les partager. L'islamophobie et la haine se sont libérées. Le leader du Front national espère rafler la mise et être de nouveau présent au second tour des présidentielles. Jean-Marie Le Pen remercie Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin pour la banalisation de ses idées. « Dans une certaine mesure, le gouvernement est obligé de courir après nos analyses puisque les éléments corroborent la justesse de celles-ci. En venant à l'appoint de ce que je n'ai cessé de demander depuis longtemps, ils contribuent, nolens volens, à nous dédiaboliser », constate le leader du Front national. Les idées de l'extrême droite incarnées par Jean-Marie Le Pen continuent de se banaliser. Un sondage sur « l'image du Front national (FN) dans l'opinion », réalisé pour Le Monde et RTL après la crise des banlieues, montre que de moins en moins de Français rejettent « les positions de Jean-Marie Le Pen sur les grands problèmes ». Ils ne sont plus que 39 % à les trouver « inacceptables » en 2005, soit 5 points de moins qu'en 2004 et 9 de moins qu'en 1997. Ils préfèrent à 43 % les qualifier d'« excessives », alors qu'ils étaient 37% à le faire l'an dernier. La hausse s'élève à 6 points en un an. Le Front national exulte Le sondage montre un réel enracinement des thèmes du Front national. Près d'une personne sur quatre (24 %) se dit en effet « tout à fait d'accord » ou « assez d'accord » avec « les idées défendues par Jean-Marie Le Pen ». Un Français sur quatre partage la vision du Front national sur la crise des banlieues, c'est-à-dire déchoir les personnes condamnées de leur nationalité, expulser les étrangers... Plus de deux Français sur trois pensent qu'il y a trop d'étrangers en France. Autre fait significatif, dès que le nom du patron du FN et de son parti ne sont plus cités, certaines réticences tombent. Les Français se montrent beaucoup plus nombreux à approuver des affirmations qui relèvent du fonds de commerce de l'extrême droite. Ils sont ainsi 63% à dire qu'« il y a trop d'immigrés en France » et 48% pensent qu'« on ne se sent plus vraiment chez soi en France ». Cette banalisation est encouragée par des propos d'hommes politiques et aussi des intellectuels, surnommés les « nouveaux réacs », qui ont repris les slogans du FN tout en reprenant à leur compte le « rôle positif » de la colonisation.