Hier, c?était leur journée et, comme chaque année, beaucoup de promesses leur ont été faites dont très peu seront tenues. Les handicapés de Boufarik, comme ceux de toute l?Algérie, attendent qu?on leur reconnaisse une place légitime dans la société. «Trois millions d?individus ne sont pas considérés comme des êtres humains à part entière.» La situation des handicapés dans notre pays est ainsi résumée par un jeune handicapé de Boufarik, cette commune de la wilaya de Blida qui compte pas moins de 500 handicapés moteurs, selon des statistiques officielles. Ici, peut-être plus qu?ailleurs, le handicapé souffre, souffre et souffre. Mais il ne se tait pas. A la moindre occasion, il parle de sa situation, dénonce ceux qui en sont à l?origine et réclame ses droits. En un mot, il n?est pas passif. Boufarik est d?ailleurs l?une des rares villes du pays où l?on peut rencontrer des handicapés à chaque coin de rue, à tout moment de la journée. C?est qu?ils n?ont pas du tout honte de leur handicap, ils ne sont nullement complexés. «Nul n?est à l?abri d?un handicap», souligne l?un d?entre eux comme pour rappeler à la société que l?on ne choisit pas d?être handicapé. Toujours est-il que, à elle seule, la volonté ne suffit pas à surmonter les obstacles et les écueils. Pour Aïcha, Mahfoud, Noureddine et d?autres encore, la vie se conjugue avec souffrances et épreuves. Certains ne peuvent même pas boire un verre d?eau sans l?assistance de leurs parents ou de leurs proches. Ils sont cloués au lit 24h sur 24 et «utilisent des couches pour leurs besoins naturels», affirment leurs parents. Issus de familles pauvres, bon nombre de ces handicapés «ne peuvent, malheureusement pas, se permettre ces couches, les 3 000 DA de pension étant insignifiants». A Boufarik, les souffrances des handicapés sont accentuées par les difficultés qu?ils rencontrent à trouver un travail, à avoir un logement. «Certes, ces problèmes ne sont pas propres à nous, mais il faut dire qu?ils sont vécus autrement, plus douloureusement ici étant donné que la plupart des familles sont de condition sociale modeste», fait remarquer Rabah Kherroubi, vice-président de l?Union des handicapés moteurs de la wilaya de Blida tout en signalant qu?à Boufarik, rares sont les handicapés qui travaillent. «Cette situation accentue notre dépendance, nous ne demandons pas la lune, nous voulons juste que nous soient donnés les moyens d?être indépendants», conclut-il.