La Journée nationale des handicapés, célébrée chaque année le 14 mars, est devenue une simple halte pour constater le caractère inchangé de la situation de cette frange de la population. Les pouvoirs publics ne sont même pas parvenus à actualiser les statistiques officielles faisant état de moins de deux millions de personnes handicapées, alors que les associations les estiment à trois millions. Les textes de loi promulgués ces dix dernières années attendent encore les dispositions d'application. Les associations des handicapés, fort nombreuses dans notre pays, mais sans moyens, parfois même sans local, arrivent péniblement à faire entendre leur voix, y compris en cette journée qui leur est consacrée. Après des années de lutte, et de promesses non tenues, elles ont obtenu l'augmentation de la pension mensuelle, passée de 1000 à 3000 DA, une allocation qui demeure encore à un niveau symbolique. Seules les personnes handicapées à 100%, soit moins d'un handicapé sur 10, peuvent percevoir 4000 DA mensuel. Vu les conditions générales de vie qui touchent l'ensemble de la population, ces subsides concédés par les autorités ne peuvent couvrir les besoins d'une seule semaine. La « protection et la promotion des handicapés », comme le soulignent les responsables dans leurs déclarations publiques, restent encore à mettre en place dans notre pays. La gratuité dans les transports publics en faveur des handicapés reste globalement une disposition inopérante, vu l'anarchie caractérisant ce secteur dans la plupart des villes. Du reste, les associations relèvent régulièrement le défaut d'accessibilité des moyens de transport aux personnes handicapées. Un aspect également oublié dans les bâtiments et lieux publics. Pourtant, l'aménagement des accès réservés aux handicapés est stipulé dans les textes et réaffirmé par les autorités. De même que la réservation d'un poste d'emploi sur cent en faveur de cette catégorie de la population n'est pas toujours observée dans les administrations et les entreprises. Des rencontres scientifiques animées par des spécialistes montrent, par ailleurs, que tout reste à faire concernant l'insertion des enfants handicapés en milieu scolaire. Les parents sont, dans la plupart des cas, livrés à eux-mêmes dans la prise en charge de leurs enfants handicapés. Ils se retrouvent seuls face à un mouvement associatif démuni et des services publics défaillants. La situation est encore plus dramatique dans les localités rurales, où les populations sont éloignées des administrations dotées en moyens destinés à cette frange de la société.