La charité institutionnalisée semble inopérante. Des couches entières de la société élèvent la voix pour dénoncer leur lamentable quotidien. Des voix sans voie qui sont perdues dans le magma de ce pays à l'avenir incertain. Le désespoir est profond. Il touche l'ensemble du petit peuple, condamné « par contumace » à une misère chronique. Il est aussi présent chez les handicapés, nombreux aujourd'hui à être livrés à eux-mêmes. Sans aucune prise en charge digne de ce nom. Cette frange vulnérable, traitée avec beaucoup d'égards et d'attentions dans d'autres pays, se retrouve seule dans l'arène d'un pays où, déjà, les personnes qui ont toutes leurs facultés physiques et mentales peinent à faire face à la dureté de la vie. Les cris de détresse n'ont jamais cessé. Les promesses des gouvernants non plus. Mais ce ne sont que des engagements en trompe-l'œil. Concrètement, rien n'a changé pour les handicapés qui pataugent toujours dans les mêmes difficultés. Hamza Bougara, président de l'association Ettahadi des handicapés moteurs, affirme porter les mêmes revendications que celles exprimées au lendemain de la création de cette association, en 2003. Il s'agit, entre autres, de revaloriser leur pension, de faciliter leur accès au travail, aux soins et au logement. De leur fournir le matériel spécifique et de leur garantir leur droit à l'éducation. Les doléances de cette association et de bien d'autres auprès des responsables à différents niveaux hiérarchiques demeurent sans suite. Intervenant en ouverture de la conférence-débat organisée hier au centre de presse d'El Moudjahid à l'occasion de la Journée internationale des handicapés, célébrée le 3 décembre de chaque année, M. Bougara a insisté sur la pension qui, en plus d'être insuffisante, n'est pas versée mensuellement de manière régulière. Il a rappelé dans ce contexte la promesse non tenue du ministre de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbas, qui s'était engagé en 2005 à ramener cette pension à 6000 DA dès le début de l'année 2006. Mais en 2006, affirme M. Bougara, la pension était toujours de 3000 DA. « Ce n'est que vers la fin 2007 qu'elle a été ramenée à 4000 DA par mois », a précisé M. Bougara, affirmant qu'avec une telle somme, le handicapé ne pouvait même pas manger à sa faim. Pour Toufik Bouzid, porte-parole de l'association, le ministre de la Solidarité fait de la politique et reste peu sensibilisé aux problèmes des handicapés qui sont nombreux, à travers le pays, à souffrir le martyre, dépourvus de leurs droits les plus élémentaires. Pour permettre à cette frange sociale de vivre dans la dignité, l'association Ettahadi demande une pension égale au salaire national minimum garanti (SNMG), à savoir 12 000 DA. « Avec une telle somme, le handicapé pourrait au moins subvenir à ses besoins les plus importants », souligne-t-il. Concernant le transport, M. Bougara a relevé que beaucoup d'enfants handicapés moteurs sont condamnés à l'inactivité faute de pouvoir se déplacer et de prise en charge. Aussi, il a évoqué le problème des familles qui ont plusieurs handicapés à charge. Lesquelles familles croulent sous les problèmes et les situations désespérées qu'elles ont à affronter. Sans aucune aide de l'Etat. Ainsi, des milliers de handicapés vivent dans le dénuement alors que l'Etat consacre des milliards au « secteur » de la solidarité nationale. Rien qu'à Alger, on recense plus de 40 000 handicapés.