Le Sénégalais Moussa et le Gambien Oumar, candidats déçus à l'immigration clandestine vers les îles Canaries, regrettent d'avoir tenté l'aventure sans avoir pris conscience du danger que constitue une traversée en haute mer à bord d'une pirogue en bois. Les deux hommes font partie d'un groupe de plus de 100 Africains, qui, les vêtements en lambeaux, entassés au premier étage du commissariat de Lawaina, dans la banlieue nord de Nouadhibou (Mauritanie), attendent d'être refoulés dans leurs pays ces prochains jours. Au rez-de-chaussée du bâtiment, une odeur pestilentielle agresse les narines des visiteurs à l'heure où les clandestins sont autorisés à faire leur toilette dans les sanitaires d'ordinaire réservés aux policiers. La plupart paraissent hagards et épuisés, nombre d'entre eux sont passés très près de la noyade ou de la mort par épuisement. «Je m'en veux vraiment d'avoir tenté cette aventure», assure Moussa Dary, un Sénégalais de 32 ans dont l'équipage s'est perdu quelque part dans l'océan Atlantique avant que leur embarcation ne s'écrase contre des rochers. Oumar Sané est Ghanéen et se dit marabout (guérisseur). Il est venu à Nouadhibou dans l'optique d'y exercer son «métier». La traversée de Moussa et Oumar n'a pas été sans encombre. Le capitaine s'est égaré et plusieurs passagers, épuisés et affamés, n'ont pu survivre. Leur embarcation s'est alors dirigée vers les côtes du Sahara occidental, où elle s'est écrasée contre des rochers non loin de la rive. Les deux clandestins rêvent maintenant de rentrer chez eux.