Alerte n 60% du personnel paramédical du CHU d?Oran ne se protégent pas contre les maladies dites nosocomiales. Les spécialistes prennent cet exemple pour tirer la sonnette d?alarme. Lieux où l?on se rend en principe pour se soigner, nos hôpitaux, aux blocs opératoires de plus en plus dégradés et à l?hygiène défaillante, nous font encourir aujourd?hui le risque d?y choper des virus. Ces virus que les praticiens appellent scientifiquement «maladies nosocomiales» et qui n?existeraient pas si l?on suivait à la lettre les règles élémentaires d?hygiène. Patients et praticiens y sont aujourd?hui de plus en plus exposés. Dimanche dernier, des spécialistes, réunis lors d?une journée d?étude organisée à l?Institut technologique de la santé publique (ITSP) d?Oran, n?ont pas manqué de tirer la sonnette d?alarme à propos des pathologies contractées en milieu hospitalier. Comme preuve, ils annoncent que 60% des agents paramédicaux du CHU d?Oran ne se protègent pas des maladies nosocomiales. Ce taux est révélé, faut-il le préciser, par une étude réalisée en 2005 sur le personnel paramédical du Centre hospitalo-universitaire d'Oran (Chuo). Celle-ci conclut que cette «population» ne se dote pas de moyens de protection adéquats contre les maladies nosocomiales. Un intervenant, le Dr Habib Nehari, spécialiste en maladies infectieuses, a indiqué dans son intervention intitulée «Le personnel de la santé et les risques sanitaires» que cette étude a montré que 60% du personnel paramédical ne désinfectent même pas ses mains après des soins médicaux et que 10% ne se soumettent à cette forme d'hygiène qu'à la fin de leur service. 90% de ces agents ne procèdent qu'une fois par semaine au lavage de leurs blouses et 40% des box de soins et des chambres ne sont pas désinfectés. L?enquête, qui a ciblé 600 malades des services de réanimation, de chirurgie générale, et de neurochirurgie, a montré, par ailleurs, que 11,66% de ces patients ont contracté des maladies nosocomiales particulièrement ceux ayant séjourné dans le service de réanimation, a précisé le conférencier qui a évoqué les différentes pathologies qui se transmettent au personnel paramédical par voie de contamination, comme l'hépatite B et C et le sida. «L?échantillon» d?Oran est, avouons-le, loin de constituer un cas à part. En effet, un bon nombre d?établissements sanitaires, à travers les quatre coins du pays, peuvent être considérés comme des foyers à risques. Au CHU de Blida, pour ne prendre qu?un autre exemple, sur 1 568 patients sujets à enquête, de 2001 à 2005, 74 infections nosocomiales ont été identifiées, soit 5,4% des patients infectés. Les décès, le développement d?autres infections, la durée et le coût d?hospitalisation sont évidemment les conséquences les plus tenaces de ces pathologies chopées au moment où l?on assiste impuissant au relâchement des mesures d'hygiène et de sécurité dans nos blocs opératoires et nos salles de soins avec un personnel paramédical victime de sa propre formation, ignorant les règles d'asepsie, puisque étant recruté dans la plupart des cas dans le cadre du? filet social. Comment tuer dès lors ces virus qui naviguent dangereusement dans l?air ambiant des hôpitaux au moment où frottoirs et balais «cohabitent», sans vergogne, avec compresses et scalpels et au moment aussi où des membres de l?équipe médicale rentrent dans les blocs opératoires en tenue civile ? Un diagnostic est plus que jamais recommandé.