Le manque de professionnalisme et le laisser-aller observé chez certains médecins et paramédicaux sont les facteurs majeurs ayant poussé les spécialistes à tirer la sonnette d'alarme pour attirer l'attention de l'ensemble des intervenants afin de diminuer et de se prémunir contre les maladies dites infections nosocomiales. Selon une étude consacrée à l'hygiène hospitalière, dont les résultats ont été rendus publics récemment, près de la moitié du personnel médical et paramédical en Algérie, 47%, ne se lave pas les mains avant un acte médical. Suite à cela, le personnel médical a tenu à mettre en relief les conséquences graves qui peuvent résulter du manque d'hygiène dans les centres de soins et hôpitaux, notamment dans les blocs opératoires et certains services, qui doivent être entièrement désinfectés pour éviter toute possibilité de contamination par des microbes ou virus. Cette situation alarmante a suscité la réaction du ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Saïd Barkat, qui a dépêché des inspecteurs d'hygiène dans l'ensemble des établissements hospitaliers. Il a même donné des instructions formelles pour lutter contre les infections nosocomiales. Il s'agit, entre autres, de mettre en place un système de nettoyage des mains au niveau des entrées et sorties de chaque service pour veiller à la propreté des lieux. Il a, à cet effet, menacé de sanctionner les responsables et de fermer les services où un manque d'hygiène est constaté. Cette démarche, selon les précisions de M. Barkat, doit être au centre des préoccupations de tous les responsables de la santé pour chasser le sous-développement par l'instauration de mesures d'hygiène. Des actions ont été engagées par la tutelle dans le cadre de la lutte contre les maladies nosocomiales au moyen de l'organisation, de la surveillance, de la formation, de l'information et de la prise de mesures d'ordre général. Cela concerne, entre autres, la réglementation des horaires de visite aux malades, l'interdiction d'accès des denrées alimentaires, la mise en place de distributeurs de solution hydro-alcoolisée. Pour éviter également ce genre de maladies, les unités de stérilisation, la généralisation du non-tissé à 100%, est primordiale, selon les spécialistes, ainsi que l'acquisition de nouvelles stations de traitement des eaux usées et des banaliseurs pour le traitement des déchets, ceux à risques infectieux notamment. Mais malgré toutes les mesures et les lourds investissements engagés par l'Etat, la persistance d'un certain déficit en hygiène, lié, de l'avis de certains spécialistes, à l'organigramme des établissements publics, donnant lieu, entre autres, à la disparité décisionnelle, une dilution des responsabilités et l'utilisation des personnels à d'autres fins. L'installation de véritables services d'hygiène au niveau des établissements publics, regroupant tous les secteurs de l'hygiène et confiés à des médecins et techniciens hygiénistes, la formation e la spécialisation en hygiène hospitalière, l'établissement des consensus et protocoles d'hygiène sont parmi les attentes importantes de la majorité des acteurs de la Santé. Il faut signaler que plusieurs cas d'infection microbienne et nosocomiale ont été décelés dans nombre d'hôpitaux, comme c'était le cas pour les services de maternité de Kouba et d'Oran, il y a quelques années, ayant même provoqué le décès de plusieurs nouveau-nés. Pourtant, malgré ces scandales, près de la moitié du personnel médical et paramédical persiste dans ces pratiques irresponsables, et ce, en dépit des campagnes de sensibilisation lancées par le département de Barkat. L'implication de tous les intervenants de la santé, des malades et des citoyens d'une manière générale, dans cette action de sensibilisation de l'hygiène dans les hôpitaux et les centres de santé est d'une grande nécessité. N. B.