Oubli Ce n?est qu?au lendemain de l?indépendance de l?Algérie que la mémoire de Dinet a été réhabilitée. En raison de sa conversion à l?Islam, Alphonse Etienne Dinet, devenu Nasreddine Dinet, a souffert, et même sa peinture en a pâti. Il a fait indirectement l?objet de tant de critiques et de dénigrements. Alors admirée, sollicitée, sa peinture devient vite «chose étrange, brusquement suspecte». Ses détracteurs s?attaquaient gratuitement à son art, juste «pour déchirer ses lauriers et transformer ses chefs-d??uvre en oripeaux orientalisme». D?ailleurs Un projet de fondation d?un musée consacré aux ?uvres de Dinet a été sabordé par ses adversaires. Et en dépit des calomnies et des agissements malsains de ces derniers, Dinet, attaché à ses convictions, n?y prête aucune attention, et il continue, toujours résolument, à l?écoute de sa voix intérieure, guidé par une foi profonde et agissante, de tracer sa propre voie l?emmenant à l?autre bout de sa destinée. Au mois de mai 1929, Dinet, âgé de 68 ans, effectue le pèlerinage à La Mecque ; et de Djedda, il écrit : «J?ai vécu les impressions les plus sublimes de toute mon existence. Rien dans le monde, ni dans le présent, ni dans le passé, ne peut donner une idée de ce que nous avons vu comme foi monothéiste, comme égalité et comme fraternité entre deux cent cinquante mille être humains de toutes les races, pressés les uns contre les autres, dans le plus effroyable désert». Cela montre à quel point le désert l?a profondément touché, conquis. Mais peu de temps après son retour des Lieux saints, le 24 décembre 1929, El Hadj Nasreddine Dinet décède à Paris. Son corps a été transporté à Bou-Saâda, où il a été inhumé le 12 janvier 1930. aujourd?hui, et c?est à l?ombre des palmiers de l?oasis que s?élève sa tombe dominant le désert ; et de son repos éternel, il le contemple, s?imprégnant de ses couleurs, se réchauffant de son soleil, et prêtant une écoute méditative à son silence, le laissant agir sur lui, sur son âme endormie. Longtemps, Dinet, après sa disparition, a été relégué à l?oubli, où ses ?uvres, alors méritoires avant sa conversion à l?Islam, connaît une longue période de dédain et de mépris ; et il fallait attendre le lendemain de l?indépendance pour que l?art de Dinet connaîsse «un regain d?intérêt et une juste réhabilitation.» Ses tableaux, d?une valeur inestimable, font désormais partie des collections de musées de France, d?Australie? ainsi que des collections privées. Enfin, et pour réhabiliter la mémoire de Nasreddine Dinet, un musée consacré à l?artiste a vu le jour à Bou-Saâda, dans «l?oasis qui fut son refuge et son éden».