Résumé de la 2e partie n Le mausolée de Tipaza ne renferme pas les restes d?une chrétienne, il est même possible qu?il soit antérieur de plusieurs siècles au christianisme. Si la tradition n?a pas retenu le nom du jeune berger qui serait entré dans le Qbar al-Roumia, elle s?est rappelé celui de l?homme qui a permis de le découvrir : Belkacem. Belkacem habite dans un village de la Mitidja, au temps du bey Salah Raïs, c'est-à-dire au milieu du XVIe siècle. Depuis plus d?un siècle, la région vit sous la menace d?une invasion étrangère. En effet, depuis la fin du XVe siècle, l?Espagne ambitionne de s?installer au Maghreb. Elle en convoitait les richesses, mais elle voulait également prendre une revanche sur les musulmans qui ont occupé pendant plus de huit siècles son territoire. Il y avait aussi la volonté de réduire les musulmans d?origine andalouse qui, depuis la Reconquista, s?étaient réfugiés au Maghreb et qui, de leur nouvelle patrie, poussaient les Maures, restés dans la péninsule, à s?insurger. On se rappelle, en effet, qu?en 1501, les Maures de Grenade se sont révoltés et ont provoqué des troubles graves. Un sentiment anti-musulman est entretenu en Espagne et dans le reste de l?Europe par les hommes politiques et les dignitaires religieux. On se rappelle, par exemple, les projets délirants du cardinal Ximenez de Cisneros, appelant à une croisade africaine ; il incitait, par ses discours haineux, à s?emparer des villes du Maghreb et à passer au fil de l?épée les infidèles ! Lors de la prise d?Oran, en octobre 1505, le cardinal va se rendre dans la ville et présider en personne au massacre de la population civile : plus de 4 000 personnes ont été exécutées... Quelque temps après, ce fut au tour de Béjaïa de subir le même sort. Les habitants des villes martyres ont longtemps gardé le souvenir des atrocités commises et les langues berbères et arabes ont, depuis, donné au mot roumi, littéralement «chrétien», le sens de «impitoyable» et «cruel». Après les premières conquêtes espagnoles et les massacres qui les ont suivies, les habitants des villes côtières, très exposés au danger, ont décidé de payer un tribut aux Espagnols dans l?espoir d?être épargnés. Alger va même accepter de livrer à Pedro Navarro un de ses îlots où les Espagnols vont construire le fameux Penon pour la surveiller. Comme la menace devient plus grande, les notables algérois ont alors décidé de demander l?aide d?un corsaire turc, Baba Aroudj, qui venait de remporter plusieurs victoires sur les Espagnols et qui s?était posé en défenseur de l?islam dans la région. Aroudj va combattre les Espagnols puis s?installer à Alger où une régence turque va administrer la ville. D?autres cités algériennes se placeront également sous la protection ottomane. Les Européens vont trouver désormais un adversaire de taille, mais ils vont continuer à écumer les côtes maghrébines dans l?espoir de s?emparer d?autres villes. Charles Quint, qui a remporté des succès à Tunis contre les Turcs, va essayer de s?emparer d?Alger en 1541. Mais il subit une grande défaite, perdant plus de 400 navires... Les Espagnols vont reculer, mais leurs navires continueront à écumer les côtes algériennes, à attaquer les villages sans défense, à faire des prisonniers et à lever du butin. Et Belkacem, le héros du récit que nous rapportons, a été victime de l?une de ces razzias. (à suivre...)