Explication n L?appellation de Qbar al-Roumia, le Tombeau de la chrétienne, fait référence à une reine chrétienne qui y aurait été enterrée. Telle une énorme ruche, le Qbar al-Roumia, littéralement le Tombeau de la chrétienne, se dresse, à une dizaine de kilomètres de Tipaza, sur l?une des collines du Sahel. Les légendes les plus invraisemblables circulent sur ce monument de l?antiquité libyco-berbère. Pour les uns, il a été construit par les Djouhalas, c'est-à-dire les peuples de la période anté-islamique, pour d?autres, il est là depuis le déluge de Noé. Il aurait même été construit par les géants qui, dans les temps immémoriaux, hantaient la terre ! On croit aussi que le Tombeau est la résidence des génies, des fées et qu?il contient un trésor ! L?appellation de Qbar al-Roumia, le Tombeau de la chrétienne, fait référence à une reine chrétienne qui y aurait été enterrée. En fait, cette légende provient, sans doute, du décor de l?une des portes du Tombeau qui imite les croix des portes de bois. Mais aujourd?hui, on sait que si le Tombeau a pu servir de sépulture à quelqu?un, cette personne ne pouvait être chrétienne pour la simple raison que le Mausolée est antérieur au christianisme. Si les Français ont repris l?appellation locale en la traduisant par Tombeau de la chrétienne, l?Algérie indépendante a rebaptisé le Tombeau Mausolée Royal de Maurétanie, parce que l?on croit savoir qu?il a pu servir de sépulture à une famille berbère, celle de Juba II, et surtout à son épouse égyptienne, Cléopâtre Séléné. Juba II, qui a vécu au premier siècle avant J.-C., est le fils de Juba I ; celui-ci s?était opposé aux Romains et leur avait livré la guerre. Défait à la bataille de Thapsus, en 46 avant J.-C., il a essayé de regagner Zama, sa capitale, où il avait laissé sa famille. Mais les Romains l?y ont devancé et se sont emparés de la ville, prenant les proches de Juba en otages. Le roi est sur le point d?être pris : ne voulant pas tomber entre les mains de ses ennemis, il a préféré se donner la mort. Son fils, le futur Juba II, qui était encore un enfant, est fait prisonnier et envoyé à Rome. César va faire figurer le jeune Numide à son triomphe, en le faisant défiler aux côtés des chefs qu?il a vaincus. Le petit garçon, que l?on dit âgé à peine de cinq ans, suivait, enchaîné à la place de son père, le char de l?empereur romain. Mais si César va, après son triomphe, se débarrasser de ses anciens adversaires, il a réservé un autre sort au jeune Numide. Il le prend, en effet, sous sa protection et, à sa mort, il est pris en charge par Octave qui va lui donner une éducation raffinée. Un autre enfant de vaincu, Cléopâtre Séléné, fille de la grande Cléopâtre d?Egypte et du triumvir Antoine, également battus par César, est prisonnière à Rome. Le jeune Berbère était très intelligent. Il va apprendre à parler le latin et le grec et s?initie à toutes les disciplines qu?on apprenait à l?époque. Plus tard, Octave lui attribue la citoyenneté romaine et l?associe à ses campagnes. Quand Octave devient empereur, sous le nom d?Auguste, il lui taille, sur le territoire de la Maurétanie (ouest de l?Algérie), que Rome a annexé à la mort du roi Bocchus, un royaume. Auguste lui fait épouser Cléopâtre Séléné : par cette union, Rome voulait montrer sa générosité. Après avoir réduit ses ennemis, elle unit leurs enfants, devenus ses alliés ! (à suivre...)