Résumé de la 35e partie n Pat glane vite des renseignements sur l?enfance d?Abigail auprès des Stubbins et du patron du journal local ; elle prend rendez-vous avec M. Saunders, l?ancien employeur de la maman du sénateur Jennings. Pat sursauta. Comment Abigail Jennings, si fine et élancée, pouvait-elle être la fille de cette femme obèse et courtaude ? «Une mère accueille avec fierté la reine de beauté d?Apple Junction», disait la légende. «Emportez ces numéros, proposa Edwin Sheperd. J'en ai d'autres exemplaires. Mais n'oubliez pas de nous citer si vous vous en servez pour votre émission.» Il eût été maladroit de refuser la proposition. Je verrai si on peut utiliser cette photo, pensa Pat tout en remerciant le rédacteur et elle partit sans plus s'attarder. A huit cents mètres de la Grand-Rue, la ville changea du tout au tout, la chaussée s'élargit, les maisons devinrent majestueuses, les jardins grands et bien entretenus. La demeure des Saunders était jaune pâle avec des volets noirs. Elle se situait à l'angle de la rue et une longue allée décrivait une courbe jusqu'aux marches du porche. Les piliers élégants rappelèrent à Pat l'architecture du Mount Vernon. Des arbres bordaient l'allée. Un petit écriteau dirigeait les livreurs vers l'entrée de service, à l'arrière de la maison. Pat se gara et monta les marches ; de près, la peinture commençait à s'écailler, les montants en aluminium des doubles fenêtres étaient attaqués par la corrosion. Elle appuya sur la sonnette et entendit résonner faiblement le carillon, loin à l'intérieur. Une femme menue aux cheveux grisonnants, vêtue d'un tablier de domestique sur une robe noire, ouvrit la porte. «M. Saunders vous attend. Il est dans la bibliothèque.» Jeremy Saunders, en veste de velours marron, était installé, dans un haut fauteuil à oreillettes, au coin du feu. Il croisait les jambes et de fines chaussettes en soie bleu foncé apparaissaient sous les revers de son pantalon bleu nuit. Il avait des traits étonnamment réguliers, de beaux cheveux blancs ondulés. Seules une taille épaissie et des poches sous les yeux trahissaient son penchant pour la boisson. Il se leva et se retint au bras de son fauteuil. «Mademoiselle Traymore !» Sa voix était le produit parfait d'une bonne éducation. «Vous ne m'aviez pas dit au téléphone que vous étiez la fameuse Patricia Traymore. ? Cela ne signifie pas grand-chose, sourit Pat. ? Ne soyez pas modeste. Vous êtes la jeune femme qui réalise une émission sur Abigail.» Il lui désigna le fauteuil en face du sien d'un geste de la main. «Vous prendrez bien un Bloody Mary ? ? Merci.» La carafe était déjà à moitié vide. La femme de chambre prit son manteau. «Merci, Anna. Ce sera tout pour l'instant. Peut-être qu'un peu plus tard, Mlle Traymore partagera avec moi un déjeuner léger.» Jeremy Saunders avait pris un ton encore plus appuyé pour s'adresser à la domestique qui quitta la pièce en silence. «Anna, vous pouvez fermer la porte, s'il vous plaît ! cria-t-il. Merci, ma chère.» (à suivre...)