Ils sont 596 enfants de terroristes recensés par le ministère de la Solidarité nationale dont les deux parents ou l'un des deux ont été abattus. Une réflexion est engagée sur leur prise en charge. Ce sont les chiffres avancés par le département de Djamel Ould Abbas, hier, à l'occasion de la Journée internationale de la famille qui a coïncidé avec «la journée de réflexion sur la problématique de l'enfance privée de famille». Bouchenak Khalladi Abdellah, secrétaire général au ministère de l'Emploi et de la Solidarité, a donné ces chiffres qui ne sont pas définitifs car le ministère de la Justice n'a pas encore terminé son recensement pour arrêter le nombre d'enfants de terroristes nécessitant une kafala. La sonnette d'alarme a été tirée sur la prise en charge psychologique des enfants victimes de la «tragédie nationale», intervenue tardivement. Une série de mesures sont prises par le ministère, d'abord le placement en institution qui ne peut se substituer à une famille. Il existe quatre Foyers d'accueil pour enfants orphelins victimes du terrorisme (FAO), à travers le pays : Alger, Oum El-Bouaghi, Bouira et Relizane, sans compter Diar E'rahma et autres établissements. Il faut dire que sur «les 596 enfants de terroristes, 111 sont suivis en institution». Enfin, ces enfants se présentent en trois catégories, les enfants dont les deux parents ont été abattus, les enfants dont l'un des parents a été abattu et enfin les enfants nés au maquis et dont la filiation demeure inconnue. Cette dernière catégorie est celle qui pose le plus de difficultés, selon les interventions des professionnels de l'action sociale. S'agissant du placement familial des enfants nés sous «x», au 31 décembre 2005, il a été enregistré 1 534 kafalas locales (en Algérie) et 315 kafalas par des ressortissants algériens à l'étranger. Il faut dire que «le nombre d'enfants illégitimes, en 2005 a été de 2 959, alors qu'ils étaient 3 002 en 2004, soit une baisse significative», selon le ministre. Il ajoutera : «La justice est aujourd'hui en mesure d'obliger le père biologique à reconnaître son enfant grâce aux techniques sur l'ADN.» Pour se doter d'une législation adéquate à ces nouvelles donnes, le département de la Solidarité nationale a décidé de combler le vide juridique existant, en proposant un projet de loi portant action sociale, afin de permettre une «véritable» insertion sociale pour ces enfants «aux besoins spécifiques», a annoncé le SG du ministère. Il s'agit, entre autres, de la révision de la période de réflexion de la mère biologique pour décider de l'abandon ou non de son enfant. Actuellement de trois mois, le département de Ould Abbas a proposé de la prolonger, jusqu'à une année pour permettre à la mère de prendre la meilleure décision. Par ailleurs, il suggère de mettre en place des mécanismes qui encourageraient la mère à garder son enfant. Il est, également, question de la «révocabilité de la kafala dans les cas avérés de maltraitance ou de non-respect des droits élémentaires de l'enfant» et de «l'institution d'un organe chargé du suivi de l'insertion des enfants», voire après leur majorité.