Insuffisances n Le ministre de l'Agriculture avait pourtant insisté, au début de l'expérience de l'agriculture biologique, sur la nécessité d'apprendre à nos opérateurs à exporter des produits de qualité. Le but initial était d'arriver à exporter des produits agricoles certifiés «biologiques» vers les marchés occidentaux. Il faut dire que ces dernières années, on enregistre un intérêt croissant des consommateurs, dans ces pays, pour les produits bio. Après des problèmes liés à la sécurité alimentaire qui ont défrayé la chronique (telle la vache folle), la tendance est allée tout naturellement vers des produits «propres». Jouant sur ce créneau, l'Algérie a voulu en profiter pour faire d'une pierre deux coups. «S'initier à la culture bio et en faire des rentrées en devises», dira M. Kerboua, qui était chargé du dossier avant qu'il ne prenne sa retraite, il y a près d'un mois. Son départ laissera un vide puisque personne, au ministère de l'Agriculture, ne semble vouloir reprendre le dossier. Une situation qui laisse perplexes les professionnels du secteur, à l'image de cette jeune fille qui travaille au niveau de l'Institut technique des grandes cultures (Itgc). Après avoir été formée en Italie, elle s'occupe aujourd'hui d'enseigner les bases du métier à une poignée d'étudiants qui croyaient, à un certain moment, que l'agriculture biologique allait être une réalité en Algérie, ce qui leur aurait permis de mettre en pratique ce qu'ils ont appris. L'arrêt brutal de l'expérience les fera malheureusement redescendre sur terre. Par ailleurs, le peu de personnel qualifié représente une autre insuffisance qu'il faudra combler au cas où le projet serait relancé. Sans une armée de professionnels déployés à travers le territoire national, il sera difficile de réussir pareille expérience. En outre, il faut rappeler que l'appellation «produit biologique» doit passer impérativement par une certification. Or il faudra compter sur des organismes étrangers pour la certification de nos produits «puisque aucun organisme national, privé ou public, n'existe pour le moment», précise M. Bellah. L'autre carence, de taille celle-ci, se trouve sur le plan réglementaire. L'absence d'une législation nationale réglementant l'agriculture biologique de manière conforme aux règles en vigueur à l'échelle internationale constitue, pour l'instant, un handicap qui décourage toute initiative visant à développer ce type d'agriculture dans notre pays. Autant de manquements qui ne permettent pas à ce projet d'aboutir. Cela induit aussi que l'expérience lancée à partir de 2002, bien qu'appelée pilote, n'avait pas de grandes chances d'aller loin vu toutes les carences énumérées.