Résumé de la 1re partie A quatre heures du matin, M. Horst frappe chez son voisin, il lui apprend qu?il vient de tuer sa femme qu?il soupçonnait d?infidélité. Le voisin se dirige vers le téléphone, il hésite encore. C?est bizarre de connaître un homme, un voisin de palier depuis des années, de réaliser qu?il est un assassin et qu?il faut appeler la police. On a du mal à y croire. «Allô police ? Voilà, c?est quelqu?un qui a tué sa femme ; il faut venir le chercher. Oui il est là. Sa femme ? Une ambulance l?a emmenée il y a cinq minutes. Ah ! Non je n?ai pas tout vu. C?est lui qui m?a réveillé, le mari, quoi? L?adresse ? Chez moi, 22 Bedenstrasse, 2e étage. Je vous attends. Oui, d?accord. Non, il n?est pas dangereux, il pleure, il dit qu?il a fait ça pour rien.» Le voisin raccroche. La police va venir. Il ne reste plus qu?à attendre devant l?assassin qui pleure toujours, allongé par terre. Il croit que son histoire est terminée. Il croit qu?il a tué pour rien, c?est ce qui le désespère. Ce curieux mari jaloux et assassin, pendant une minute de sa vie, une seule minute, croit regretter cette minute toute son existence. Mais il se trompe. Frantz R? a trente-deux ans. Il est ingénieur chimiste. C?est un homme calme, bien noté de ses supérieurs, et qui n?a jamais commis le moindre acte de violence envers qui que soit, serait-ce une mouche..., selon la formule consacrée. Très pris par son travail, Frantz n?a pas d?autre passion, excepté pour sa femme. Encore serait-il inexact d?employer le mot passion. Il l?aime, il l?a épousée et leur vie se passe depuis sept ans sans incident notable. Lorelei, son épouse, surnommée Loli, est une assez jolie femme, sans plus. Des cheveux blonds bouclés, un visage de poupée sans grand caractère, mais séduisant. C?est elle qui est morte. Elle reçut une balle de revolver dans le cou, la mort a pris une dizaine de minutes. Le temps pour son mari Frantz de se rendre compte de la stupidité de son acte, de s?affoler, de courir chez le voisin et de se traîner sur le trottoir comme un animal qui a perdu son maître. L?instruction ne pose pas de problèmes particuliers. Frantz survit en prison. Un peu hagard, il semble mal réaliser la chose. Le juge d?instruction est une femme d?allure sévère, la cinquantaine moralisatrice. Elle a avec son inculpé trois séances d?interrogatoire. Le cas est simple : Frantz ne nie rien, au contraire. Il expose les faits avec un certain détachement, comme s?il ne croyait pas à ce qu?il dit et à ce qui est arrivé? «Tout a commencé au cours d?une soirée chez des amis. J?ai cru remarquer que ma femme faisait du charme à un ami, enfin je ne sais plus si c?est elle qui lui faisait du charme, ou s?il lui faisait la cour. ? Vous êtes jaloux de nature ? ? Non, je ne crois pas, en tout cas pas jusque-là. Je ne m?étais jamais posé la question, à vrai dire. ? Et ce soir-là, vous vous l?êtes posée ? Pourquoi ? ? Je l?ignore. J?avais peut-être un peu bu, mais pas énormément? Tout d?un coup, je me suis demandé si Loli, enfin, si ma femme pouvait me tromper. ça m?est venu comme ça. ? Qu?avez-vous fait ensuite ? ? Je ne me rappelle plus très bien. Je crois que j?ai d?abord un peu plaisanté. Mais je devais avoir l?air bizarre, parce que ma femme s?est montrée agressive, presque méchante même. C?est pour ça que l?idée s?est installée. Si elle n?avait pas réagi comme ça, je n?y aurais plus pensé, enfin je crois. Mais là, tout d?un coup, j?ai cru comprendre. Je dis bien que j?ai cru comprendre, parce qu?en réalité, tout cela était faux, archifaux. Je me faisais des idées. ? Vous en êtes sûr ? ? Evidemment. ? Pourquoi ? ? Mais elle me l?a dit ! ? Quand ? ? Oh ! le soir même. J?étais énervé en rentrant, j?ai entamé une discussion stupide, je l?ai accusée bêtement. (à suivre...)