Si l'on peut attribuer à la littérature écrite ses titres de noblesse, la littérature orale n'en est pas moins digne. Pendant des siècles et encore aujourd'hui, les conteurs se sont engagés à la régénérer. Il n'est donc pas rare, de nos jours, de rencontrer quelqu'un chargé d'une anecdote illustrant une histoire racontée jadis par un parent, de personnages ou d'animaux familiers ; ces derniers, comme par enchantement, ne sont pas méconnus de nos chers bambins. Parmi les nombreuses définitions de l'oralité, nous retiendrons celle-ci : «C'est l'ensemble de tous les types de témoignages transmis verbalement par un peuple sur son passé.» (cf. La Tradition orale de Geneviève Calame Griaule). Elle n'hésite pas à se parer de divers vêtements, devenant tour à tour conte, fable, mythe, devinette, énigme, chant, etc., venant ainsi enrichir le répertoire de la littérature orale. Nombreux sont ceux qui se sont efforcés de la transmettre et certains, tout au long de leur vie, s'en sont faits de fervents défenseurs. Parmi eux Amadou Hampaté Bâ, Malien, figure mythique de la littérature africaine, convaincu de l'influence bénéfique de la tradition orale sur les enfants ; il livre son expérience. «Le fait de n'avoir pas eu d'écriture n'a jamais privé l'Afrique d'avoir un passé, une histoire et une culture...» «En Afrique chaque fois qu'un vieillard meurt c'est une bibliothèque qui brûle.» Pour lui, «un conte (ou un proverbe), c'est le message d'hier transmis à demain à travers aujourd'hui».