Expression n La femme a très peu de place dans la création poétique. Lors d'une rencontre qui a eu lieu, lundi, au Centre national de recherche en préhistoire et en anthropologie historique (Cnarah), dans le cadre de la rencontre poétique «A front-tiers de poésie», des femmes, venant du pourtour méditerranéen, ont parlé de leur rapport à l'écriture poétique. Maram El-Masri, une poétesse syrienne installée en France, a vécu la poésie comme une expérience douloureuse. «J'ai payé le prix cher pour être poétesse», confie-t-elle, ajoutant que «dans les pays arabes, la poésie ne permet pas de faire cet acte de strip-tease.» «J'ai dû arrêter d'écrire pour élever mes enfants, mais c'était trop fort pour moi, cet éloignement était lourd à supporter. J'ai donc repris le chemin de la création poétique, car la poésie m'appelait, et l'appel à l'écriture était grand et intense. C'est un combat continuel.» Nacera Mohamedi, une poétesse algérienne, a, pour sa part, estimé que le combat de la femme poète en Algérie continue. «C'est un combat au quotidien», dit-elle. Et d'ajouter : «Nous les femmes poètes nous vivons une déchirure.» «La femme algérienne est une combattante à la fois dans sa vie et son écriture, un combat permanent et sur tous les fronts», insiste-t-elle. «Elle écrit par défi, et de façon plurielle (dans sa chambre, dans la cuisine, au travail…), elle écrit par crainte de ne pas réussir dans son travail poétique, sachant que le contexte social et culturel est masculin», poursuit-elle dans sa réflexion. «La femme algérienne, comme poétesse, se met de façon continue en quête de liberté ; et cette quête la pousse à entamer un travail de recherche de l'esthétique, ce qui nous aide à poursuivre notre cheminement dans la création poétique.» De son côté, Liliane Giraudon a réfuté l'idée que la langue, donc la poésie, soit sexuée, appelant à ce que la femme ait une place égale à celle de l'homme dans l'exercice du vers. Salah Diab a tenu à préciser que la femme a très peu de place dans le travail poétique. «En faisant des recherches dans l'histoire de la poésie arabe, on peut, d'emblée, constater qu'on ne trouve pas de traces de femmes poètes, sinon quelques exemples (de femmes disant seulement des vers) cités dans la littérature», dit-il, ajoutant : «Dans la mentalité arabe, la poésie est considérée comme une tare, et c'est pour cette raison que certaines femmes ont préféré garder l'anonymat. Même en Andalousie, époque considérée par les historiens comme une époque d'une grande ouverture d'esprit et d'émancipation culturelle, la femme n'était pas non plus présente dans la poésie.» «Cela est fort révélateur de la situation de la femme arabe et ce, à travers la poésie», a déclaré Barkahoum Ferhati modératrice de la rencontre.