Particularité n L'expérience tunisienne en matière de régulation de la filière avicole est unique en son genre. Le marché tunisien de l'aviculture est l'un des mieux organisés au monde, selon plusieurs professionnels rencontrés lors du Forum international de l'élevage et du machinisme agricole qui s'est tenu récemment au Palais des expositions, aux Pins maritimes, à Alger. Régulé par le Groupement interprofessionnel des produits avicoles et cunicoles (Gipac), qui est un organisme public dans lequel les professionnels de l'aviculture sont fortement représentés, il est rarement confronté à des difficultés d'ordre organisationnel. Il faut dire que l'autorité de régulation qu'est le Gipac a l'œil sur toutes les activités de la filière. Organisation du secteur, programmation des productions, définition des besoins du marché et restriction des importations sont autant de prérogatives dont il jouit. Fondé il y a 21 ans, cet organisme a réussi à mettre à niveau une filière qui était complètement désorganisée, de l'avis même des Tunisiens. Le plus frappant dans cette expérience typiquement tunisienne est que les quotas de production sont répartis entre les différents producteurs en tenant compte des besoins du marché. Des besoins qui sont définis plusieurs mois à l'avance et sur la base desquels sont établis les niveaux de production. Dans ce processus, il est notamment tenu compte des périodes durant lesquelles la consommation augmente et baisse. Ainsi, les producteurs sont instruits d'augmenter leur offre en été et lors de certaines fêtes religieuses particulièrement, pour satisfaire la forte demande. De même, ils sont tenus de revoir à la baisse leur production à l'approche de la rentrée scolaire, par exemple. L'objectif recherché à travers ces restrictions étant d'éviter que les prix des viandes blanches soient instables. «Les prix instables ne profitent ni aux consommateurs, ni aux producteurs», dira Riadh Karma, un responsable du Gipac, dans une communication présentée lors du Forum international de l'élevage et du machinisme agricole. Il est vrai que le système tunisien de régulation a évité bien des soubresauts à la filière avicole, mais force est de signaler qu'il s'est avéré inefficace face à l'alerte et la psychose suscitées par la propagation de la grippe aviaire. Toujours est-il qu'il demeure un modèle à suivre par notre pays, à condition de l'adapter à nos réalités.