Victor Hugo a donc fraudé, explique Serge de Mutigny dans son ouvrage sur Victor Hugo et le spiritisme, mais, ajoute-t-il, il ne l'a pas fait de façon consciente. En fait, explique cet auteur qui est également médecin, le célèbre poète était atteint d'une maladie mentale appelée «paraphrénie fantastique», bien connue des psychiatres. Elle se manifeste en général vers la trentaine, avec, au début, une phase d'anxiété à laquelle succèdent des comportements extravagants et des hallucinations concernant non seulement les relations du patient avec des membres de son entourage, mais aussi avec d'autres personnes avec lesquelles il est en conflit idéologique ou politique. Quand la maladie est bien installée, elle se manifeste par le délire et une production exubérante. Il a des tendances à la mégalomanie, croyant avoir une filiation avec des personnages illustres du passé, tels Jésus-Christ ou les pharaons d'Egypte, ou être en relation avec eux. Les psychiatres ont décrit trois aspects de la maladie. Dans un premier état, le malade croit qu'il est envoûté et cherche à se débarrasser d'influences néfastes. Dans le second, appelé syndrome de Cotard, il nie tout ce qui existe et se croit immortel. Dans le troisième (paraphrénie cosmique), il verse dans les sciences occultes et croit être en communication avec les forces invisibles. Ces symptômes, les participants aux séances de Jersey les ont parfaitement décrits : Hugo discutait d'égal à égal avec les esprits de Jésus ou de Platon ; dans certains textes, il est même présenté comme leur successeur, voire leur supérieur ! La seule différence entre les malades atteints de ces troubles et Victor Hugo, c'est que Hugo est un grand poète alors que les autres ne le sont pas !