Si Victor Hugo est connu comme l'un des plus grands poètes et romanciers français, beaucoup de gens ignorent qu'il a été aussi un fervent partisan du spiritisme et qu'il a fait «tourner» les tables et a prétendu avoir «dialogué» avec des morts. A la suite du coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte, au cours de l'été 1852, Victor Hugo quitte précipitamment la France. Après s'être réfugié en Belgique, il s'installe dans l'île britannique de Jersey, où il loue une maison au nom de Marine Terrace. C'est là qu'il va vivre désormais avec ses proches, dans un paysage désolé, dominé par la mer, les rochers, avec pour voisinage un cimetière. D'ailleurs des légendes terrifiantes courent sur les lieux. Ne dit-on pas que durant les nuits de pleine lune, un décapité erre, sans tête, sur la plage, suppliant qu'on lui accorde le repos ? On parle aussi d'une «Dame blanche», le fantôme d'une femme qui aurait tué son bébé, d'une «Dame noire» qui serait une druidesse des temps antiques et d'une «Dame grise» dont on ignorait le crime. Cette atmosphère de mystère n'était pas pour déplaire au grand écrivain. Celui-ci, outre ses déboires politiques, portait toujours le deuil de Léopoldine, sa fille bien-aimée, morte noyée au cours d'une promenade sur la Seine. Il s'accrochait à tout ce qui pouvait raviver le souvenir de la jeune femme et peut-être espérait-il la revoir un jour. L'époque était au spiritisme, mais Victor Hugo, au courant de ce mouvement, n'en était pas encore adepte.