Dialogue n Quelque 180 responsables d'Europe ont affirmé la volonté des musulmans d'être des citoyens à part entière et leur rejet de la violence et du terrorisme, lors d'une conférence en Turquie. Dans une déclaration adoptée à l'issue de leurs travaux dimanche soir, ils ont souligné que les quelque 15 millions de musulmans européens «sont, aujourd'hui, chez eux en Europe» et condamnent «les actions violentes d'une petite minorité de musulmans qui ont déclenché la violence et la terreur en détournant les enseignements de l'islam». «Nous rejetons le cancer du terrorisme», poursuit le texte,«l'islam n'autorise, en aucune circonstance, le terrorisme et le meurtre de civils». Après les attentats de Londres et de Madrid et la controverse sur les caricatures de Mohammed (QSSSL), ce message va dans le sens de déclarations similaires, faites notamment au sommet de l'Organisation de la conférence islamique en décembre. La conférence, organisée avec le soutien du Foreign Office, réunissait des sensibilités musulmanes très diverses. Outre l'influent cheikh qatari d'origine égyptienne Youssouf al-Qaradaoui, président du Conseil européen de la fatwa, le professeur suisse, Tariq Ramadan, qui enseigne à l'université britannique d'Oxford, le prédicateur égyptien Amr Khaled, le grand mufti de Bosnie Moustapha Ceric étaient présents. La déclaration finale souligne que l'islam reconnaît la liberté de religion. Les musulmans se doivent d'assumer «une citoyenneté active» avec droit de critique et d'être «des citoyens loyaux obligés de défendre leurs pays en cas d'agression». Mais beaucoup souffrent d'islamophobie et de discrimination, en particulier les jeunes, regrette le texte, appelant à éliminer «les injustices, comme en Palestine, qui ont contribué au désespoir de nombreux musulmans et populations à travers le monde». «Il y a une véritable réticence politique en Europe à reconnaître la visibilité des musulmans dans l'espace citoyen», a noté Mohamed Mestiri, responsable de l'Institut international de la pensée islamique, soulignant la nécessité de prendre en compte la pluralité des identités musulmanes. De son côté, le cheikh Al-Qaradaoui s'est élevé contre toute idée de vie retranchée pour les musulmans européens. «L'intégration religieuse est faite, maintenant il est temps d'apporter notre contribution à la société» en aidant à créer «un nouveau Nous pour réconcilier nos sociétés avec leurs propres valeurs», a estimé Tariq Ramadan, également président de l'European Muslim Network (EMN). Il a appelé les musulmans à «éviter le piège de la victimisation», soulignant que «notre nouvelle visibilité soulève des questions légitimes pour nos concitoyens, nous devons y répondre».