Il existe à Bruxelles un club qui rassemble des natifs de Scandinavie, le club des Suédois. La plupart sont des industriels, des hommes d'affaires désireux de vivre sous un climat plus clément que celui de leur patrie septentrionale. Désireux aussi de connaître les douceurs d'un meilleur traitement fiscal. M. K. B. fait partie de ces heureux mortels : il a acquis légitimement une fortune enviable dans le commerce des voitures américaines. Une petite fraude fiscale déjà ancienne lui a fait choisir un exil en Belgique... Pour lors M. B. vit la plupart du temps dans une banlieue élégante de la capitale belge. Maison cossue et moderne, entourée d'un jardin agréable, piscine chauffée. Son épouse, ses deux enfants et lui-même constituent la famille bourgeoise type : sains, dynamiques, écologistes, sportifs, appréciés de tous. Mme B. est une ancienne championne dans le domaine hippique : elle a participé aux jeux Olympiques de Rome en 1960. Sa fille, Ulrika, vingt-huit ans, marche sur ses traces et elle a récemment été, elle aussi, sélectionnée pour représenter la Suède aux Jeux de Barcelone. Malheureusement pour elle, son cheval est tombé malade au dernier moment et elle a dû se résigner à voir ses compatriotes luttant pour des médailles alors qu'elle devait se contenter d'une triste place assise dans les tribunes. La pauvre Ulrika n'est pas dans une bonne passe, comme l'avenir va le démontrer. Mais elle est jolie, sportive, riche, sans problème métaphysique : elle rentre donc à Bruxelles et fait des projets d'avenir. Ce week-end de janvier, Ulrika se trouve seule. Ses parents et son frère sont absents. Ils passent quelques jours dans leur résidence secondaire en Suède. Ulrika, à bord de sa BMW, regagne leur résidence confortable. Elle descend du véhicule quand, soudain, un homme en cagoule l'agresse, surgissant derrière elle. Il brandit un pistolet et lui crie, en anglais : «Je suis un terroriste !» Ulrika, en pleine forme, lutte contre son agresseur, mais celui-ci, d'un coup sur la tête, lui fait perdre à moitié conscience. Presque évanouie, elle sent qu'il la ligote puisqu'il l'enveloppe dans ce qui paraît être un sac à pommes de terre. A présent immobilisée, elle est traînée jusqu'à une autre voiture. Son agresseur se met au volant. Ulrika, incapable de se libérer, se rend compte qu'on l'emporte loin de chez elle, très loin même, à en juger par le temps qui passe tandis que roule le véhicule de son agresseur. Il n'a rien annoncé de ses intentions. Ulrika se dit cependant qu'un terroriste va essayer d'obtenir une rançon destinée à alimenter le fonds de guerre de la «cause» qu'il doit défendre quelque part dans le monde... Le lendemain matin, la femme de ménage suédoise de la famille B., au moment où elle prend son service à la villa des Suédois, est surprise de trouver le portail de la propriété grand ouvert, la BMW de la jeune fille semble abandonnée devant la porte, les clefs sont encore sur le tableau de bord, ce qui ne correspond pas aux habitudes de prudence de la famille. Elle prévient la gendarmerie qui arrive sans tarder. Plus inquiétant encore, on découvre les deux chiens de la famille B. Ils sont inconscients dans le garage : on les a drogués et ligotés. Le coffre-fort de la villa, béant, est vide. La belle Ulrika a disparu. On contacte la famille... La famille, au fin fond de la Suède, est bizarrement déjà au courant. Le ravisseur (s'agit-il d'un solitaire ou d'une bande organisée ?) a réussi à joindre le père d'Ulrika pour lui annoncer, en anglais, qu'on venait de s'emparer de sa fille, pour lui conseiller de tenir la police à l'écart de l'affaire, pour lui annoncer de prochaines instructions précises. On met le téléphone sur écoute, on diffuse dans la presse la photographie de la belle Ulrika, souriante, séduisante comme une publicité pour des vacances en Scandinavie... A suivre