Les vestiges puniques sont donc rares à Annaba et, inversement, les vestiges numides, dont les céramiques, sont abondants. Cela signifie que la présence punique n'était pas aussi importante qu'on l'a supposée et que la cité a été avant tout de culture autochtone. On a beaucoup polémiqué sur une remarque de saint Augustin selon lequel jusqu'au Ve siècle, on parlait encore punique dans la région d'Hippone. Si des auteurs comme S. Gsell et E. F. Gautier ont soutenu que la langue de Carthage s'est maintenue jusqu'à la fin de la période romaine, d'autres comme Saumagne (1953) ont montré que saint Augustin employait punicus et lingua punica pour désigner non pas le punique, mais le berbère. On a retrouvé par la suite des inscriptions puniques tardives : il ne s'agit peut-être que de la survivance du système d'écriture punique, que les Berbères utilisaient parfois en même temps que leur alphabet (cf. la dédicace libyco-berbère du mausolée de Massinissa à Dougga, en Tunisie). De toute façon, même si le punique a survécu après la destruction de Carthage, son usage – ou seulement l'usage de son écriture – devait se limiter à des groupes réduits. En tout cas, d'une cohabitation presque millénaire avec lui, le berbère ne garde que quelques mots du punique.