Alternative n Selon des experts militaires américains, le Hezbollah peut être affaibli par des raids aériens, mais si les Israéliens veulent le démanteler, leur seul recours est l'opération terrestre. Plusieurs milliers de réservistes israéliens se sont massés, ce samedi, à la frontière israélo-libanaise, au 11e jour du conflit entre Israël et le Hezbollah, faisant craindre une offensive terrestre au Liban qui représenterait, pour Kofi Annan, une «grave escalade». «Israël n'a pas l'intention de revenir à une occupation du Liban de grande ampleur telle qu'en 1982 ou 1978», assure le général israélien Michael Herzog, en visite dans la capitale américaine. «Mais il me semble clair qu'Israël va avoir besoin de forces armées pour déraciner le Hezbollah», ajoute-t-il. Une opération terrestre d'envergure n'est pas sans risques pour les Israéliens. Ils ont échoué dans leur tentative de pacifier le Sud du Liban, contraints de retirer en 2000 leurs forces après 18 ans d'une sanglante campagne militaire et laissant, dans la région, le Hezbollah en position de force.Les efforts diplomatiques pour tenter de mettre fin au conflit se sont multipliés, tandis que les évacuations d'étrangers vers Chypre – notamment celle de milliers d'Américains – se sont accélérées. Pendant ce temps, la situation du demi-million de déplacés libanais devient de plus en plus critique, notamment dans le sud du pays. Vendredi soir, deux civils, dont une fillette de 11 ans, ont été tués dans des raids nocturnes au Liban Sud, portant le nombre de tués au Liban depuis le début du conflit à 341, en majorité des civils. Près de 1 000 personnes ont été blessées. Plus tôt, des chasseurs-bombardiers israéliens ont pilonné Baalbeck (est), fief du parti chiite libanais Hezbollah, tuant quatre civils, et les bombardements se sont poursuivis dans le sud du pays, où le secteur de Tyr (83 km au sud de Beyrouth) a été touché, faisant un tué. De nouvelles salves de roquettes lancées par le Hezbollah se sont abattues sur le nord d'Israël, dont Haïfa, troisième ville du pays, où 19 civils ont été blessés. Trente-trois personnes ont péri en Israël depuis le début des hostilités. L'armée israélienne a multiplié les brèves incursions dans le sud du Liban et fait état d'un accrochage jeudi au cours duquel elle a perdu quatre hommes. La chaîne satellitaire Al-Arabiya a rapporté, pour sa part, la mort d'un autre soldat israélien, dont le corps a été retrouvé par l'armée israélienne, après avoir été porté disparu au Liban -Sud. Le numéro deux du Hezbollah, cheikh Naïm Qassem, a estimé que l'armée israélienne s'était concentrée sur des cibles civiles au Liban parce qu'elle a «peur» de lancer une offensive terrestre chez son voisin, dans une interview à la chaîne de télévision du Hezbollah, Al-Manar. Israël et le Hezbollah ont fait savoir qu'ils étaient déterminés à continuer à en découdre. Israël exige la libération de deux soldats capturés le 12 juillet par le Hezbollah, ainsi que le désarmement de ce mouvement. Ce dernier demande un cessez-le-feu sans condition et des négociations en vue de la libération de prisonniers libanais.