Le «camping sauvage» de centaines de sans-logis, qui ont dressé leurs tentes dans Paris, suscite une vive polémique, alors que la capitale française se donne un air de vacances avec palmiers, transats et brumisateurs sur les berges de la Seine converties en plages éphémères. Sous le métro aérien, sur les bords du canal Saint-Martin, le long de certains boulevards, de petits campements, abritant souvent des hommes venus des pays de l'Est, se sont constitués. Quelque 450 tentes ont été dressées dans les rues de la «ville lumière», dont environ 300 distribuées l'hiver dernier par l'ONG Médecins du monde (MDM) pour aider les sans-logis et attirer l'attention sur les victimes de l'exclusion. Avec les beaux jours, les riverains se sont plaints de cette présence trop voyante et trop bruyante sous leurs fenêtres. Le maire de la capitale, Bertrand Delanoë, a demandé à deux organisations caritatives d'inciter les SDF à quitter leur logis précaire pour d'autres hébergements. «Je ne cherche pas à chasser les SDF, je cherche à les épauler», s'est défendu le maire, soupçonné de vouloir «nettoyer» la ville au moment de l'opération Paris- Plages, qui attire de nombreux touristes. «On ne peut pas laisser les gens aller à la dérive, faire des excès de boisson, se livrer à la violence», a justifié le maire. «La tente, c'est comme une armoire où on peut ranger son intimité. Cela nous donne une dignité», répond Lahouari, un SDF de 46 ans. Mais «on fait mal dans le cadre touristique», remarque-t-il.