Rien à faire. On n'a pas encore inventé une machine à ramener le soleil. Il pleut sur Paris. Un ciel bas à faire déprimer le plus optimiste des aoûtiens. Les Parisiens en sont réduits à prier que les saisons retrouvent raison. L'opération Paris Plages tourne au cauchemar. Les touristes se retrouvent à chercher une petite laine. Pour offrir son corps au soleil, il faut aller au Sud. La France est divisée en deux. Il fait frisquet sur la capitale. Pourtant cette année encore, l'Hôtel de Ville de Paris a vu les choses en grand. L'équipe du maire Bertrand Delanoë croyait encore en la succession des saisons. Paris Plages a eu un grand succès ces cinq dernières années. Cette opération de détente transforme chaque été la capitale en station balnéaire avec ses plages de sable, ses transats, ses parasols et ses palmiers. Cette année, une piscine municipale flottante baptisée Joséphine Baker a été inaugurée. On y attendait plus de 5 millions de personnes sur le sable parisien. Chiffre à revoir à la baisse. Vertigineusement. La météo s'est détraquée. Il ne se passe pas un jour sans que la pluie ne vienne rappeler aux Parisiens que leur été sera pourri jusqu'au bout. « Je n'ai jamais vu ça ! Dire qu'il y a 4 ans c'était la canicule. C'est le désert ici. Le soleil se fait timide et ne se montre jamais. Je me balade tous les jours le long de la Seine et je vois le changement par rapport aux autres années. Dire qu'on parle du réchauffement climatique, à ne rien comprendre », se désole un passant. Après le Brésil en 2005, c'est la Polynésie française qui est l'invitée d'honneur cette année. Au pied du Pont Marie, dans une ambiance végétale de forêt tropicale reconstituée, un espace Tahiti est censé accueillir le public dans deux farés, maisons traditionnelles de Polynésie, pour des animations, cours de danse, ateliers d'artisanat, spectacles... Le mauvais temps est venu tout chambouler. Les trampolines et la piscine ont été fermés. Prévus pour se rafraîchir, les fontaines, les brumisateurs et le bassin de baignade sont évités par les rares promeneurs qui parcourent les 2,5 kilomètres de plage. Hocine et ses copains sont des irréductibles de Paris Plages. Ils viennent tous les soirs jouer à la pétanque et finissent par pique-niquer en famille. « C'est vrai que nous n'avons pas eu d'été cette année. Les commerces ferment les uns après les autres. Qui va penser à acheter une glace avec un temps pareil ? On aurait dû prévoir un salon de thé ou même une chicha ! Cela aurait marché du tonnerre », s'esclaffe le jeune cadre. L'année prochaine, c'est promis, il ira en Algérie. « Là-bas, on est sûr de trouver du soleil. »