Outre la pollution de l'environnement, l'homme, se reposant sur des croyances archaïques, reste le plus grand ennemi des vautours en détruisant leurs nids. Des espèces de vautours, dont le gypaète, le percnoptère et le vautour fauve, vivant et nichant dans le Parc national du Djurdjura, sont aujourd'hui menacées de disparition pour diverses causes liées au changement de leur biotope et à d'autres facteurs de déprédation. Au titre des menaces pesant sur ces rapaces, M. Boukhamza, chercheur en ornithologie à l'université de Tizi Ouzou, fait état notamment de modifications substantielles de la chaîne alimentaire liant les différentes espèces animales induites par la pollution de l'environnement. La consommation de charognes, utilisées par des bergers, après leur empoisonnement, comme appâts destinés à éliminer les chacals et les hyènes s'attaquant aux troupeaux d'animaux domestiques, est également un facteur menaçant l'existence des vautours, très dépendante de l'activité pastorale leur fournissant des ressources alimentaires régulières (bêtes mortes et déchets d'animaux). En hiver, lorsque des chairs en putréfaction se font rares, ces prédateurs se rabattent, pour se nourrir, sur les rongeurs, les batraciens, les vers, voire se contentent d'herbes sèches. Chasseur aguerri, le vautour est doté d'une vue perçante lui permettant de faire la distinction, à plus de 300 mètres, entre un animal mort et un animal endormi, restant immobile sur des rochers pour guetter ses proies. Se référant aux habitudes de ces rapaces, M. Boukhamza fait remarquer que si le gypaète et le vautour fauve vivent dans les montagnes, en haute altitude, il en va autrement pour le percnoptère, isghi en kabyle, qui est la seule espèce à fréquenter les alentours des villages situés dans le périmètre du Parc national du Djurdjura, où il a coutume de rôder sur les dépôts d'immondices en quête de nourriture. En s'adonnant à la destruction gratuite de ces charognards ou en détruisant leurs nids, rien que pour se faire plaisir ou conjurer le mauvais sort qu'ils symboliseraient, selon des croyances locales encore tenaces, l'homme reste le grand ennemi de ces oiseaux. Le gypaète barbu, vivant en altitude, est l'espèce la plus curieuse des vautours. Il peut vivre jusqu'à 40 ans et ne pond qu'un seul œuf par an. Silencieux, il ne se décide à «caqueter» qu'en période nuptiale, lorsqu'il s'agit de solliciter les faveurs de sa dulcinée. Solitaire, il ne se joint jamais aux autres espèces de vautours déchiquetant une carcasse animale : il attend toujours que les autres aient terminé leur festin pour s'emparer des os, qu'il casse en les laissant tomber du haut d'un rocher, pour avaler la moelle ainsi libérée.