Constat n Chaque pont de Constantine a ses particularités, chacun a son histoire et sa légende. La ville de Constantine est connue pour ses ponts. Située à 649 m d'altitude, sur un plateau rocheux, elle est isolée par des gorges profondes, ce qui rend son accès difficile. Il est certain que le choix d'un tel site pour construire une ville a obéi à une stratégie : c'est que Constantine, réfugiée sur son rocher, a la réputation d'être une ville imprenable ! Effectivement, elle a résisté, tout au long des siècles, aux envahisseurs de toute sorte ! Pour accéder à la ville, il faut emprunter un pont, et les ponts, les Constantinois en ont construit en grand nombre et depuis l'Antiquité. Beaucoup ont disparu ou alors, devenus trop vieux, ont été remplacés. Chacun a ses particularités, chacun a son histoire et sa légende. Le pont d'El-Kantara, par exemple, qui a été édifié en 1792 par Salah-Bey, s'est effondré en 1857, après le passage d'un détachement de l'armée française. Il a été reconstruit par la suite. Il y a aussi le pont de Sidi Rached, achevé en 1912. Mais le plus célèbre de Constantine est le pont suspendu de Sidi M'cid, qui relie les versants du Rummel. Il a la triste réputation d'être le lieu que les désespérés de la région choisissent pour mettre fin à leurs jours... Par les journées froides d'hiver, quand la tempête souffle, on dit qu'au sifflement des rafales se mêlent les gémissements des suppliciés dont l'âme, arrachée par la force, erre parmi les rochers, privée du repos éternel... Mais ce ne sont, dit-on, que des légendes. Tahar, un enfant du pays, connaît bien les légendes de sa ville natale, mais il ignore celle du pont de Sidi M'cid. Il est vrai qu'il a quitté, il y a longtemps, la ville des Ponts suspendus et qu'il n'a pas emprunté depuis des années le fameux pont. Ce jour-là, ou plutôt cette nuit-là, il a la mauvaise surprise, alors qu'il vient voir son père malade, de tomber en panne. Il fait très froid et la pluie a commencé à tomber. La voiture s'est arrêtée un peu avant le pont et refuse de redémarrer. «Qu'est-ce qui se passe ?», s'exclame le jeune homme. Il descend, ouvre le capot du véhicule et jette un regard sur le moteur. Il s'y connaît en mécanique et il a vite compris que la panne est sérieuse et qu'il ne pourra pas, en tripotant les fils, faire repartir la voiture. Il est obligé de la laisser sur place et de faire de l'auto-stop pour rentrer. «Pourvu seulement qu'une voiture passe par-là !» Mais il a beau attendre, aucun véhicule ne passe. C'est la nuit et c'est l'hiver, les gens sont chez eux, bien au chaud. Il se dit qu'il aurait dû attendre le matin pour partir, mais dès qu'il a appris que l'état de santé de son père s'était dégradé, il n'a pas réfléchi, il a sorti la voiture – qu'il devait faire réviser — et il est parti ! Le voyage a été long et la route, jusqu'à Constantine, n'est pas toujours bonne... Une heure passe et aucune voiture. «Je ne vais quand même pas passer la nuit à attendre !», se dit-il. Il ouvre la malle de la voiture et prend une lampe électrique, réservée justement aux pannes de nuit. A suivre