Aveu n Le gouvernement américain a admis cette semaine que la menace d'Al-Qaîda en Irak passait au second plan au regard des violences interconfessionnelles. «Al-Qaîda est significativement diminuée» depuis la mort du chef du réseau en Irak, Abou Moussab al-Zarqaoui, dans un raid aérien américain le 7 juin, a affirmé, jeudi, le général John Abizaid, le chef du Commandement central américain (Centcom) qui supervise les opérations américaines en Irak, lors d'une audition devant une commission sénatoriale à Washington. «Je pense qu'ils sont moins d'un millier», a-t-il dit à propos des membres d'Al-Qaîda en Irak. «Il s'agit d'une groupe tenace que nous devons continuer à combattre, mais nous faisons des progrès contre eux», a-t-il ajouté. Les évaluations des militaires américains concernant les effectifs du réseau terroriste en Irak étaient supérieures par le passé, même si, selon des responsables américains interrogés par le Washington Post, tout le monde au sein des services de renseignement n'est pas d'accord avec l'estimation avancée par le général Abizaid. «Comme le général Casey me l'a dit à de nombreuses reprises, ce conflit était avant tout une insurrection et est maintenant une discussion entre les différents groupes en Irak sur la distribution du pouvoir et des ressources», a-t-il ajouté. Et cet affrontement entre communautés passe, actuellement, par la violence, a-t-il constaté. De son côté, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld a reconnu, à demi-mots, jeudi, lors de la même audition, que l'Irak n'était pas au cœur de la guerre des Etats-Unis contre le terrorisme. «L'ennemi a appelé l'Irak le front central de la guerre contre le terrorisme, alors que certains, de notre côté, semblent dire que l'Irak ne fait pas partie de la guerre mondiale contre le terrorisme», a-t-il déclaré. L'administration Bush a longtemps insisté sur le rôle de Zarqaoui dans les violences en Irak, ce qui lui permettait d'affirmer que l'Irak était le front central de la lutte contre le terrorisme et qu'en combattant Al-Qaîda dans ce pays, les soldats américains empêchaient des attentats sur le territoire américain. Dans son discours annuel sur l'état de l'Union fin janvier, le président George W. Bush avait expliqué à l'opinion publique américaine qu'un retrait brusque des troupes américaines d'Irak «donnerait le pouvoir à des gens comme (Oussama) ben Laden et Zarqaoui dans un pays stratégique». Mais des experts américains mettaient en doute l'importance accordée au rôle de Zarqaoui et du terrorisme dans les violences et reprochaient au Pentagone de donner une fausse image de la situation en Irak et de minimiser les violences interconfessionnelles. Après la mort de Zarqaoui, le président George W. Bush avait reconnu que ce n'était «certainement pas la fin du conflit». L'influent sénateur démocrate Ted Kennedy a déposé, mercredi, un amendement demandant au directeur du renseignement américain, John Negroponte, de fournir, d'ici au 1er octobre, une mise à jour de l'Evaluation nationale du renseignement (NIE) sur la situation politique, économique et sécuritaire en Irak, estimant que les analyses actuelles étaient dépassées.