Le long réquisitoire du chef d'Al Qaîda n'a épargné ni l'Occident ni les chefs d'Etat arabes, accusés d'être des pantins de Washington. Dans un nouvel enregistrement audio, le second en une semaine, diffusé par la chaîne satellitaire qatarie Al Jazeera, du chef d'Al Qaîda, Oussama Ben Laden s'en prend encore aux Etats-Unis, affirmant que son organisation «garde le droit de les frapper sur leur propre sol, quand elle le jugera opportun». Ce crochet «incontournable» pour OBL étant fait, c'est l'Irak qui a eu la plus grande part de son discours. Oussama Ben Laden a dénoncé un «génocide» contre les sunnites en Irak, accusant des «bandes de traîtres haineux» d'être au gouvernement. Pour la première fois, il dénonce le «génocide» dont sont victimes les sunnites d'Irak. Accusation est, donc, une escalade sémantique extrêmement grave, puisqu'elle met à l'index les chiites au pouvoir: «Ceux qui ne sont pas armés dans le pays de la Mésopotamie sont soumis à un génocide entrepris par des bandes de traîtres haineux. Ces bandes déployées dans tous les postes clés de l'ancien gouvernement d' Al-Jaafari, sont encore présentes aujourd'hui dans le gouvernement d' Al-Maliki». Il accuse le gouvernement Maliki d'être «traître et apostat», affirmant qu'il suivait les pas du cabinet Jaafari. «Il n'est pas possible que beaucoup des gens du sud (en majorité chiite) se joignent à l'Amérique et ses alliés pour attaquer (les bastions sunnites) Falloujah, Ramadi, Baaqouba, Mossoul, Al-Qaïm et d'autres villes et villages, et pensent que leurs régions seraient épargnées». Il propose sa stratégie: «Le premier pas nécessaire pour apporter la stabilité en Irak est de chasser les armées croisées par la force, ensuite de punir les leaders des partis (chiites, bien sûr) qui ont menti au peuple en lui disant que la participation au processus politique est le moyen de chasser les occupants». Dans le même enregistrement, Oussama Ben Laden a approuvé la nomination d'Abou Hamza al-Mouhajer pour succéder à Abou Moussab al-Zarqaoui à la tête d'Al Qaîda en Irak, l'exhortant à combattre les Américains et leurs alliés. «Nous avons appris que les frères moudjahidine au sein de l'organisation Al-Qaîda ont choisi l'honorable frère Abou Hamza al-Mouhajer comme leur émir pour succéder à l'émir Abou Moussab al-Zarqaoui» Oussama Ben Laden a approuvé la nomination d'Abou Hamza al-Mouhajer pour succéder à Abou Moussab al-Zarqaoui à la tête d'Al Qaîda en Irak. «Nous avons appris que les frères moudjahidine au sein de l'organisation Al Qaîda ont choisi l'honorable frère Abou Hamza al-Mouhajer comme leur émir pour succéder à l'émir Abou Moussab al-Zarqaoui et je prie Dieu Le Tout-Puissant pour qu'il soit le meilleur successeur au meilleur prédécesseur (...) et je lui recommande de concentrer son combat sur les Américains et ceux qui les soutiennent». Dans un précédent message diffusé vendredi, Ben Laden avait affirmé que le jihad allait se poursuivre en Irak en dépit de la mort du chef de la branche irakienne d'Al Qaîda, Abou Moussab al-Zarqaoui, tué en juin lors d'un raid aérien américain au nord de Baghdad. La Somalie n'a pas échappé à la stratégie d'Oussama Ben Laden qui a averti les Somaliens de ne pas accepter la médiation proposée par le président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, qu'il qualifie d'«agent américain»: «Je mets en garde contre les pièges des infidèles comme l'invitation que vous a adressée Ali Abdallah Saleh ainsi qu'à vos adversaires pour mener un dialogue à Sanaa. Il est un agent américain obéissant. Souvenez-vous comment il a été pris en flagrant délit alors que le destroyer américain USS Cole se ravitaillait en carburant à Aden avant de poursuivre sa route pour faire le blocus du peuple d'Irak?», dans une allusion à l'attaque contre le navire dans le port de Aden (sud du Yémen) en octobre 2000, lors duquel dix-sept marins américains avaient été tués dans une attaque suicide menée par des assaillants à bord d'une petite embarcation remplie d'explosifs. L'attaque avait été revendiquée par Al Qaîda. Les milices des Tribunaux islamiques ont annoncé le 5 juin avoir remporté la victoire à Mogadiscio, après près de quatre mois d'affrontements contre une coalition de chefs de guerre soutenue par les Etats-Unis. Dans son message diffusé vendredi, Ben Laden avait déjà évoqué le conflit en Somalie en avertissant le président américain George W.Bush que le combat allait se poursuivre dans ce pays. Exprimant son soutien aux forces islamistes en Somalie, il met en garde contre une «réponse positive des pays du monde à l'Amérique» et s'oppose à l'envoi d'une force internationale en Somalie, en promettant de la combattre.