n La forêt des Aït Ouabane, «l'une des plus vierges de l'Afrique du Nord», selon un enseignant , est un mélange de cèdres et d'érables. A la sortie de la commune d'Iboudrarène, une carrière à l'arrêt détonne sur le paysage. Elle est la preuve du non-respect de la réglementation par ceux qui l'ont exploitée et qui n'ont pas procédé à la remise en état des lieux. Des forestiers, dépités, croient savoir que cette carrière sera remise en exploitation incessamment… Le bus pénètre ensuite dans le Parc national du Djurdjura (PND), créé officiellement par décret n°460 du 23 juillet 1983. Il a été érigé en réserve universelle de biosphère en 1997, mais sa première création remonte à 1925. Sa superficie est de 18 550 hectares, dont 800 se situent sur le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou et le reste sur celle de Bouira. Il est cerné par 18 communes, 10 au nord et 8 au sud. On y a recensé 1 100 espèces florales et 23 espèces fauniques, dont 10 protégées parmi lesquelles on peut citer le lynx, le chat sauvage et l'hyène rayée. On y trouve aussi des rapaces, dont la buse, qui est une espèce endémique. L'ours brun, la panthère noire, le mouflon et la loutre ont jadis existé dans la région. Par ailleurs, le parc compte deux réserves d'essences endémiques : le pin noir et le genévrier sabina qui ont disparu des autres forêts du monde. D'ailleurs, c'est pour la présence de ces deux arbres que le parc a été classé par l'Unicef réserve universelle de biosphère. Nous continuons à monter et la dorsale du Djurdjura apparaît au loin, grise et dégarnie. Sur notre gauche surgissent, en plein cœur du parc, deux villages enclavés : Aït Ouabane et Aït Alloua. La forêt des Aït Ouabane, «l'une des plus vierges de l'Afrique du Nord», selon un enseignant, est un mélange de cèdres et d'érables, deux essences dominantes qui donnent au massif une coloration d'un vert tantôt foncé tantôt clair. A un détour, au milieu de falaises et de ravins, émerge la Main du juif, un immense rocher dénudé. Cette masse rocheuse, comme son nom l'indique, a été taillée par la nature en forme de main se découpant sur le fond azuré du ciel. La légende raconte qu'un ascète juif venait souvent dans ce lieu pour y prier. Il faut noter que la toponymie de la Kabylie fait souvent référence à une personne, une tribu, une espèce végétale qui ont marqué leur passage dans la région. C'est ainsi que Tassaft renvoie au chêne, explique le professeur Derridj. De cet endroit apparaît le Taksebt, une émeraude scintillante sous les rayons de l'astre diurne. Des sachets en plastique, des papiers et des bouteilles en verre jonchent le sol. Mais c'est dans la cavité d'un rocher qu'une désagréable surprise attend les visiteurs. Un carton rempli d'ordures qu'une personne a visiblement ramassées, sans prendre le soin de l'acheminer vers une décharge, se contentant de le dissimuler aux regards.