Certains attributs de la République ont pris avec le temps un caractère de tabous officiels, alors qu?en fait, ils sont galvaudés et traités par-dessus la jambe. Et si on en parlait un peu, juste entre nous ! République algérienne démocratique et populaire. C?est l?appellation officielle de notre pays. Cela avait été décidé il y a bien longtemps, durant la guerre de libération nationale. Depuis, beaucoup d?eau a coulé sous les ponts, il serait peut-être temps de songer à mettre un peu d?eau dans son l?ben et à faire comme tous les Etats modernes du monde, grands ou petits, qui s?appellent République française, république du Congo, République fédérale allemande, République de Tunisie, etc. ça fait plus net et moins bourré de pléonasmes puisqu?en fait, les mots «république», «démocratique» et «populaire» veulent dire la même chose. Et puis qui trop embrasse mal étreint. les exemples de nos voisins maghrébins de Libye et du Sahara occidental, qui ont, eux aussi, des appellations fleuves, devraient nous faire méditer sur la question. L?emblème national dont le caractère sacré a été tellement rabâché est pourtant traité, bien souvent, comme un torchon. Ceux qui sont hissés au-dessus des édifices publics et sur le fronton des sièges des institutions sont la plupart du temps dans un état lamentable. Salis par la pollution et les intempéries, ils pendent lamentablement parce qu?ils n?ont pas été confectionnés dans des tissus légers. Ils font peine à voir et montrent combien les discours chauvins et patriotards sont creux et vains. Sait-on seulement que notre drapeau national algérien a été pensé et conçu par le grand nationaliste Messali El-Hadj et que le premier drapeau algérien a été cousu par son épouse, une française, vers 1920 ? Peu de gens le savent, parce que dans les années 1960 et 1970, ceux qui avaient confisqué l?indépendance et l?histoire du pays à leur seul avantage ont escamoté tous les grands hommes qui faisaient de l?ombre à leur petitesse. Kassaman est notre hymne national. Il avait été composé par le grand poète ibadite Mufdi Zakaria. Ce grand homme, d?une intégrité et d?une moralité rares a, lui aussi, été contraint à l?exil où il est mort, loin de son pays qu?il chérissait. Les despotes régnants avaient mal pris le fait qu?il ne plie pas l?échine devant eux et qu?il refuse de chanter leurs louanges. Il les vilipendera et chantera son pays perdu jusqu?à ses derniers jours.