Au CCDR, le temps n'est guère à l'abdication. Le Comité des citoyens pour la défense de la République appelle en effet à la résistance. A la résistance cette fois-ci pas contre le colonialisme français ni le terrorisme, mais plutôt contre ce qu'il qualifie de « nouveau hold-up constitutionnel », de « coup d'Etat » qui lui rappelle celui du 19 juin 1965. Le parallèle, il l'a bien fait dans un communiqué rendu public hier. Entre la révision constitutionnelle approuvée mercredi – par un Parlement en quête de légitimité – et ce qui a été officiellement appelé « redressement révolutionnaire », il relève un point commun : le « piétinement sans état d'âme de la souveraineté populaire ». Le plus déplorable encore pour le CCDR, c'est que cette « régression » se produise au moment où « les citoyens américains, en élisant un homme noir de quarante-sept ans à la présidence de la première puissance du monde, ont balayé de nombreux tabous ». Aussi, bien loin de cette patrie de démocratie, il souligne que même l'oligarchie russe n'a pas eu cette audace de piétiner sa « propre » Constitution. En touchant à la Loi fondamentale dans ce qu'elle représente comme « garantie » de l'alternance au pouvoir, les gouvernants, souligne-t-il dans le même communiqué, placent « l'Algérie du 1er novembre 1954, qui a vu tout un peuple décidé à mourir pour sa liberté, arracher son indépendance au prix fort » parmi « les mauvais élèves de la planète qui s'accommodent de dictatures à vie ». Cela est bien plus « grave » pour « se taire », précise-t-on. Le CCDR refuse d'accepter le fait accompli et réitère son appel à « un sursaut républicain ». Il interpelle par là même la mouvance démocratique pour qu'elle ne se prête pas « à la mascarade qui se prépare en participant à la parodie d'élection, dont le résultat est d'avance connu ». Le SMIG démocratique est, aux yeux des animateurs de ce comité, de boycotter cette élection. Et pour sauvegarder les valeurs démocratiques et républicaines, le CCDR estime que doivent s'unir partis politiques, syndicats et associations. Pour appuyer cette idée d'un possible changement par la lutte, il cite une célèbre phrase du défunt Tahar Djaout qui, en expliquant la différence entre la famille qui recule et celle qui avance, disait : « Si tu parles tu meurs, si tu te tais tu meurs, alors parles et meurs. » Pour empêcher ce qu'il considère comme « usurpation d'une présidence à vie », il suggère aux militants de la cause démocratique de s'organiser en collectifs d'initiatives démocratiques (CID).