Archéologue de formation, Radia Drici est également restauratrice des textiles au Musée national des arts traditionnels d'Alger .Après des études à l'Institut des sciences sociales et humaines du Caroubier, elle est envoyée poursuivre d'autres études à Rabat au Maroc pour se spécialiser dans la conservation des collections des musées. Là, elle s'initie à la prise en charge des collections en matière de prévention des objets en stockage. C'est prolonger la vie aux objets afin de léguer une des parties de notre patrimoine culturel et social aux générations futures. Petit bout de bonne femme volontaire, au regard brillant, Radia parle avec beaucoup d'amour pour ne pas dire passion de son activité qui reste bien mal connue par les néophytes que nous sommes. Les musées et leurs richesses restent le privilège d'un nombre restreint de personnes férues de culture et d'histoire. Radia conservateur des musées et chef de service de la restauration ne lésine pas dans les détails pour nous faire comprendre à nous les profanes la manière de préserver les différentes collections du musée, leur conditionnement « selon l'application des normes spécifiques». Il existe une douzaine de collections au Musée national des arts traditionnels dont les costumes anciens, la broderie, les cuivres, les bijoux en or et argent, les tapis… Nous voilà dans le vif du sujet. Les textiles. En effet, Radia Drici s'est spécialisée dans la conservation et l'entretien des textiles : « Lors de l'année de l'Algérie en France, le musée a été appelé à y participer. J'ai eu l'opportunité de bénéficier d'un stage de trois mois auprès des Ateliers de restauration des textiles du Musée des costumes de la ville de Paris. Là, j'ai appris entre autres le mannequinât… » Encore une nouveauté dans nos connaissances. Le mannequinât. C'est un tout autre domaine que celui de la mode : « Il s'agit de créer des mannequins, supports, pour les costumes anciens spécifiques et de collection » Explique-t-elle. La restauration des textiles est un domaine vaste, elle concerne entre autres les tapis, les broderies et les habits anciens. «On ne peut restaurer que trois pièces rares par an» explique notre interlocutrice, tant il faut de minutie et de recherches dans les matières employées en remplacement de la pièce abîmée et détériorée. Radia s'est prise d'une amitié sans faille pour les textiles du Musée. Elle y met tant de cœur et beaucoup d'elle-même « pour soigner les vénérables vêtements réalisés en textile noble comme la soie, la mousseline de soie ou de coton, laissés en héritage ». Comment fait-elle ? « Eh bien, il y a la constitution du support en premier lieu, puis la consolidation par différents points de restauration comme les points lancés, le faufilage, des coutures réversibles ». S'agissant des couvertures tissées, comme ce « haïk » de la ville d'El Oued, encore une pièce unique ,la restauration se fait, précise-t-elle : «En essayant de refaire la trame et substituer les fils de chaîne par des fils de laine de même couleur.» Tous ces travaux de restauration s'accomplissent à l'aide « d'aiguilles chirurgicales». Il y a beaucoup à dire sur cette spécialité et Radia est intarissable. Radia Drici a à son actif la réalisation d'un CD sur la broderie ancienne algérienne et la création d'un catalogue se rapportant à la dentelle algérienne. Les deux supports sont vendus au niveau du Musée des Arts traditionnels d ‘Alger. Il y a beaucoup à apprendre sur l'univers des musées et des trésors qu'il protège. Et on ne se lasse pas d'entendre les conservateurs (conservatrices) du Musée ces gardiens et protecteurs de la mémoire, parler et raconter « leurs pupilles ».