Valeur n Certaines personnes, ne sachant pas qu'elles sont dépositaires d'un trésor inestimable, n'hésitent pas à brader leurs manuscrits. Si des pages entières et des tomes trouvent leur «nid» dans des archives nationales, entre bibliothèques et khizanate, savamment gardés, d'autres sont entre les mains de particuliers qui sont de plus en plus rares à en mesurer l'importance, allant jusqu'à les mettre dans les caves où pullulent rats, insectes nuisibles et eaux stagnantes. Pis encore, de pseudo-anthropologues, maladroitement versés dans le commerce, s'adonnent, eux, à une sorte de «troc» avec des nationaux et des étrangers via Internet en échangeant de vieux manuscrits contre de périssables microportables, produits high-tech, pensant à tort qu'il vaut mieux se débarrasser de vieux et poussiéreux manuscrits qui encombrent une maison déjà asphyxiée par la promiscuité et la présence d'un trop-plein de meubles. D'autres, en revanche, optent carrément pour des transactions juteuses en s'adonnant au commerce de l'art, entrant en contact, par courriels interposés, avec des étrangers — Européens et Arabes du Moyen-Orient notamment — pour leur proposer un marché en fonction des tendances actuelles du très juteux marché de l'art et des objets de valeur. Mais certains, soucieux du profit et rien que du profit, aussi éphémère soit-il, ont dû, sans le savoir, brader leur trésor contre de modiques sommes d'argent car n'ayant jamais su comment donner de la valeur à leurs manuscrits proposés à la vente. En effet, avant d'entamer une quelconque transaction, il est recommandé de mettre en exergue l'âge du produit, la qualité de ses composantes, la valeur marchande des faits relatés à travers les lignes qui façonnent le document, l'authenticité du document et, évidemment, la griffe de l'auteur, surtout s'il s'agit d'un personnage de notoriété. L'un des grands dangers contre lequel les chercheurs disent aujourd'hui être impuissants, c'est l'incontournable fléau du trabendo. «Il existe un commerce illicite de manuscrits anciens dans notre pays», a révélé, sur les ondes de la Chaîne II, il y a peine un mois, Slimane Hachi, directeur général du Centre national de recherche préhistorique, anthropologique et historique (Cnrpah). «Des particuliers n'hésitent pas à les vendre à des étrangers contre d'importantes sommes d'argent», a-t-il dénoncé d'un ton inquiet. Une inquiétude totalement justifiée car lorsque des milliers de manuscrits sont décimés, pillés et jetés en pâture, c'est l'histoire qui est euthanasiée.