Dessein n On sait, depuis longtemps, que l'argent est devenu une obsession pour tous les acteurs de notre football. Qu'ils soient présidents, dirigeants, entraîneurs ou simples joueurs, ils courent tous derrière le fric. A longueur d'année, à travers la presse, dans les salons feutrés ou dans les bas-fonds de quartiers populaires, on ne parle que de primes, de virement, de comptes bancaires bloqués, de coûts de transfert, de salaires impayés, de subventions, d'argent de sponsor, de fausse billetterie, de sachet noir, d'arbitres achetés, de matchs vendus, de caisses vides et on ne sait de quelle autre crise financière. La tactique, la technique, le jeu, la stratégie, le beau geste sont, du coup, relégués au dernier plan. Et à force de voir l'argent pourrir le foot, certains en perdent même l'odeur et la couleur. Au point d'en perdre la raison. Tenez par exemple Hannachi et Allik : le premier, président de la JS Kabylie, a bien signé un contrat en bonne et due forme avec l'entraîneur Jean-Yves Chay, mais aujourd'hui il jure par tous les dieux qu'il ne lui versera aucun centime après son limogeage pour abandon de poste ! Le second, lui, président de l'USM Alger, exige 15 % du montant du «transfert» de Hocine Achiou au club suisse d'Aarau. Or, l'ex-stratège des Rouge et Noir était libre de tout mouvement et il pouvait donc signer comme bon lui semblait sans verser le moindre sou à son ancien club employeur. Entre le président Messaoudi, du Mouloudia d'Alger, et ses opposants c'est aussi une affaire d'argent puisque le bilan financier de celui-ci a été jugé irrecevable par le commissaire aux comptes et risque de compromettre la tenue de l'assemblée générale du club. La direction du Doyen a plusieurs affaires en justice à cause de l'argent, en général en raison de factures impayées, et même les joueurs partis ailleurs sont en conflit avec leur club. Deham, aujourd'hui au club allemand de seconde division, Kaiserslautern, ou Boudiaf, au CS Constantine, réclament toujours leur dû de la saison dernière. Et le problème ne fait qu'enfler. À tous les paliers, foot et argent ne font pas bon ménage en l'absence de tout contrôle fiscal et de toute transparence dans la gestion des deniers publics qui prennent souvent le chemin des comptes et des poches personnels que celui des chapitres consacrés au développement ou à la formation. Au CSC, l'un des plus anciens clubs de l'Est, la menace de grève des joueurs plane à cause de primes non payées. Pour ce faire, les dirigeants constantinois, dont le compte du club est bloqué, cherchent à en ouvrir un autre (ce qui est interdit par la réglementation) pour encaisser les quelques chèques qu'ils ont pu avoir des sponsors pour faire taire la grogne de leurs joueurs. Tant que l'argent circule en toute impunité dans le milieu footballistique algérien, l'avenir de ce football restera obscur et sans issue.