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Vie des clubs/ ES Sétif / Il sera vendredi sur le banc face à l'ASO
Saâdi : «J'aime bien la pression des grands clubs»
Publié dans Info Soir le 18 - 09 - 2007

Rencontre n C'est toujours avec un malin plaisir qu'on retrouve l'entraîneur Noureddine Saâdi lorsqu'il s'agit de discuter et de débattre avec lui sur les sujets du football, d'autant qu'il revient sur la scène en reprenant en main l'Entente de Sétif, championne d'Algérie en titre.
Avec son franc-parler légendaire et ses boutades, Saâdi demeure souvent un cas singulier dans le milieu des techniciens et entraîneurs algériens. Avec plus d'un quart de siècle d'expérience sans interruption au niveau national et dans les pays du Golfe, Saâdi va parer dès aujourd'hui au départ de l'entraîneur suisse de l'Entente de Sétif Charles Roessli dont le club a décidé de se séparer dans les heures qui viennent. Il faut dire qu'entre Saâdi et l'Entente il y a une petite histoire d'amour qui ne semble pas vouloir s'éteindre de sitôt puisqu'ils ont passé une saison et demie d'idylle avant de se séparer. Il y a deux ans, ils étaient sur le point de reprendre avant que le président Serrar ne change d'avis à la dernière minute en optant pour Zekri qui était chez le rival le CA Bordj Bou-Arréridj. Le temps passe et les deux hommes, Serrar et Saâdi, continuent d'entretenir de bonnes relations ce qui explique les contacts du président sétifien lorsque son équipe marquait le pas avec Belhout lors du début de la phase retour de l'exercice précédent. Saâdi, qui était à la barre technique du CS Constantine, refusa gentiment l'offre de Serrar qui, lui, jettera son dévolu sur Rabah Saâdane ; mais ce n'était que partie remise puisque les deux hommes se sont revus il y a trois jours pour sceller enfin la reprise de leurs relations. Les choses sont alors allées très vite et les deux hommes, qui ont dîné ensemble deux soirs de suite, ont trouvé un terrain d'entente sur tout. Pour preuve, ce matin, juste après le s'hour, Saâdi et son éternel adjoint Bouffenara ont pris la route pour la capitale des Hauts-Plateaux où ils débuteront le travail dès demain normalement. Ce qui est certain, c'est que Saâdi sera sur le banc de touche vendredi au stade du 8-Mai-45 lors de la venue de l'ASO Chlef pour ce qui constituera l'un des sommets de la cinquième journée. Si tout va bien, Saâdi signera son contrat juste après ce match pour un montant, selon une source du club, de 650 millions de centimes jusqu'à la fin de l'actuelle saison. Dans l'interview qu'il donne à Infosoir, Saâdi, qui «s'étonne» du regain d'intérêt que lui voue en ce moment la presse alors qu'il était oublié dans un passé très récent, sur sa nouvelle destination et sur tant d'autres sujets aussi passionnants les uns que les autres, comme ceux des entraîneurs ou de l'équipe nationale.
InfoSoir : Cette fois est apparemment la bonne entre l'Entente et Saâdi, n'est-ce pas ?
N. Saâdi : Depuis que la direction du CS Constantine m'a envoyé en «congé de maladie» pour avoir perdu un match, j'étais à l'arrêt ; alors que moi, lorsque l'Entente de Sétif m'a sollicité, je n'ai pas répondu par l'affirmative car je ne voulais pas lâcher le CSC. Les lâcheurs, malheureusement, ce sont toujours les dirigeants dans le football national, et pas les entraîneurs. En tous les cas, pas moi. J'ai pris donc quelques mois de repos, j'ai un peu voyagé, je me suis occupé de ma petite famille en attendant de bonnes propositions.
D'ailleurs, je ne vous le cache pas, j'ai été très restrictif en refusant certaines équipes, ce qui n'est pas le cas pour l'Entente de Sétif aujourd'hui, notamment pour ce qu'elle est devenue comme équipe et comme club avec de grands moyens, bien structuré et fonctionnant de façon professionnelle. Je pense que le travail sera plus facile par rapport à une certaine époque et dans certains clubs où c'était moi qui cherchais un terrain d'entraînement ou une domiciliation pour l'équipe ! De plus, je reviens dans un club où j'ai laissé une bonne impression en une saison et demie de travail qui, par la suite, a porté ses fruits.
Peut-on connaître dans les détails comment s'est fait le rapprochement entre vous et le président Serrar ?
C'est vrai tout le monde me demande comment cela s'est passé. Eh bien, cela s'est fait comme ça me plaît c'est-à-dire que c'est le président en personne qui prend attache avec vous et non pas des managers ou des journalistes comme le veut une certaine mode en ce moment. Serrar m'a donc contacté, il y a une dizaine de jours, en me disant que si j'étais intéressé pour driver l'équipe je ne devrais pas répondre à d'autres clubs, ce à quoi j'ai répondu favorablement. Ensuite, il y a trois jours il est venu sur Alger où nous avons dîné à deux reprises en discutant de tous les points du contrat qui nous lira dans les tout prochains jours. Il y a un accord de principe sur les indemnités que nous percevrons, mon adjoint et moi, et le projet sportif qui m'a plu à travers le discours du président. En effet, ce dernier a souhaité que l'Entente ne joue plus au yo-yo en réalisant une excellente saison puis une autre catastrophique, il faut donc préserver une stabilité des résultats et des performances dans le haut du tableau. On peut donc ne pas faire une excellente saison, comme lors du précédent exercice, mais au moins faire partie du peloton de tête qui jouera le titre. C'est donc un bon challenge qui nous attend, d'autant que j'ai toujours joué les premiers rôles avec des équipes moins nanties. J'espère que j'en ferai autant avec l'Entente.
Vous optez pour l'Entente au moment où le RC Kouba vous a contacté également. Peut-on savoir les raisons de votre choix et est-il vrai que vous étiez intéressé par le challenge du club banlieusard ?
En tous les cas pas directement, puisque ce sont des intermédiaires qui l'ont fait. D'habitude, je réponds à la première sollicitation, mais là les gens du RC Kouba sont venus trop tard. Je ne vous cache pas que le challenge du RCK m'a intéressé au départ, bien que j'aie découvert que le discours était faux par la suite. Je m'explique : c'est une excellente idée qu'il y ait un grand sponsor à l'image de M. Rebrab qui prenne les destinées de ce club, mais pourquoi chez nous on pense que l'essentiel est l'accession à tout prix en oubliant que cet objectif est un aboutissement qui doit avoir au préalable comme base toute une stratégie et une philosophie de travail. ? mon avis, il aurait été plus judicieux que le RCK étale ses ambitions sur une période de trois ans, pour être large, et être sévère dans le choix du staff technique.
J'aurais donc aimé être contacté au départ par ce club en qualité de manager, car ce dernier doit non seulement avoir des diplômes, mais doit avoir un vécu en tant qu'entraîneur. Le manager, à mon sens, c'est celui qui devait rassembler toute la stratégie qu'il fallait, de ne pas se tromper sur l'effectif où ce ne sont pas nécessairement les grands noms qui font de bons joueurs. Voyez l'ASM Oran, c'est une équipe qui ne renferme pas de vedettes, et pourtant elle est leader.
Peut-on connaître la durée de votre contrat avec l'Entente ?
Sincèrement, nous n'avons pas encore discuté de la durée de notre relation de travail, mais j'exigerai au moins une année pour faire valoir mes droits. Maintenant si j'intéresse plus l'Entente, c'est au club de me faire une proposition. Et là j'ouvre une parenthèse pour dire que notre gouvernement a été très mal informé et guidé dans sa décision s'agissant de la question des contrats des entraîneurs. En effet, même s'il y en a quelques-uns, et ils ne sont pas nombreux, qui sont plutôt mercantiles ou commerçants, tous les autres voudraient travailler longtemps ; et l'actuel début de saison a prouvé que c'était une mauvaise idée d'imposer un contrat de deux ans.
Est-il vrai que vous tenez cette fois, et pour la première fois, à signer un contrat en bonne et due forme pour éviter toute surprise comme ce fut le cas avec le MC Alger, par exemple où vous êtes toujours en justice ?
En tous les cas, personnellement je proposerai un contrat qui est déjà prêt et fait d'ailleurs par un ami qui est dans la branche. Toutefois, je ne peux pas l'imposer à mon employeur car j'estime que tout démarre sur des bases de confiance mutuelle et qu'entre un président et un entraîneur il faut qu'il y ait quelques sentiments «d'amour», si je puis m'exprimer ainsi. Si dans le cadre d'une relation, le président ne veut pas de mariage, ce n'est pas moi qui vais demander de me marier par force. Cela m'obligera par ailleurs à me prémunir autrement pour que je ne sois pas lésé sur le plan financier.
En reprenant une équipe championne d'Algérie et championne arabe, cela ne vous fait pas peur vu que la barre est placée assez haut et que la pression des supporters de plus en plus exigeants sera encore plus forte ?
Je pense qu'avec l'équipe actuelle de l'Entente, les gens de Sétif
comprennent maintenant que si la relation dirigeants-staff technique-joueurs est bonne, il n'y a pas de raison que les choses ne fonctionnent pas bien, même si ma seule appréhension est que je n'ai pas assuré moi-même la préparation de l'équipe. Franchement, je voyais autrement la préparation de l'Entente vu que l'équipe a été très sollicitée la saison dernière sur tous les tableaux. J'avais un plan dans ma tête qui était assez spécifique, mais malheureusement je n'ai pas eu cette occasion de l'appliquer en début de saison ; bien que je pense y remédier au fur et à mesure.
Maintenant, pour ce qui est de la pression, je pense que cela ne date pas d'aujourd'hui que je me retrouve dans de pareilles situations. Et croyez-moi, je préfère de loin la pression d'un grand club, surtout lorsqu'il a une bonne équipe, que celle d'un autre club muni de vieux canassons. L'Entente possède une bonne équipe, elle a un environnement favorable et les moyens nécessaires pour garantir la réussite.
N'est-il pas gênant de prendre la place d'un entraîneur qui est déjà en place, chose que vous avez souvent dénoncée ?
Je suis désolé pour M. Roessli, mais moi j'ai répondu à la sollicitation officielle d'un président qui a décidé d'opérer un changement au niveau du staff technique. En plus, je n'ai pas pris encore mes fonctions. C'est malheureux ce qui arrive aux entraîneurs, mais c'est beaucoup moins malheureux pour les techniciens étrangers qui, j'en suis convaincu, partent avec un bon pactole dans la valise. Ce n'est pas le cas des Algériens qui sont virés.
Quelle est, à votre avis, la raison du limogeage de M. Roessli ?
Sur ce plan, j'ai constaté que le président Serrar a énormément changé en bien dans la mesure où il arrive à tenir ses secrets, mais c'est à travers d'autres gens que j'ai appris que la raison essentielle du limogeage de M. Roessli réside dans la détérioration des relations entre lui et ses joueurs, ce qui a contraint la direction d'agir vite avant que la situation ne se complique davantage.
Avez-vous une idée précise sur cette équipe sétifienne et les joueurs qui la composent ?
Je connais certains joueurs que j'ai déjà entraînés, d'autres non, mais là aussi je pense que Serrar a réussi à avoir les meilleurs joueurs. Mieux encore, il a revalorisé certains qui n'avaient pas eu l'occasion de briller ailleurs, à l'image du gardien de but Hadjaoui qui est devenu international alors qu'au CRB ce n'était pas le cas. Il y a également des joueurs que Serrrar a déniché comme Hadj Aïssa, Lemouchia, Ziaya (là je l'ai aidé un peu) et d'autres éléments talentueux avec lesquels le programme pédagogique passera plus facilement. Sans oublier qu'il faut faire le turn-over dans cette équipe car plusieurs joueurs ont été sollicités la saison dernière et le seront encore cette saison. Et pour cela, il faut avoir les moyens, ce, qu'à mon avis, l'Entente possède. C'est une pratique qui d'ailleurs me plaît depuis toujours comme le font beaucoup d'entraîneurs à travers le monde, à l'image de Benitez à Liverpool qui réussit bien son coup.
Et tactiquement, vous prévoyez des changements ?
Sur le plan tactique, c'est la valeur des joueurs qui peut déterminer les systèmes de jeu. Sur ce plan, l'équipe renferme des éléments qui nous permettrons de jouer différents systèmes, que ce soit défensivement ou offensivement du fait que les joueurs de l'Entente ont tendance à se porter en attaque. Je changerai certainement et souvent de systèmes car j'ai le choix.
Ne pensez-vous pas que des joueurs comme Bourahli ou Keita manqueront à l'Entente cette saison ?
Bourahli est un joueur avec qui je m'entendais à merveille, et c'est dommage qu'il ne soit plus là car il nous aurait apporté beaucoup. Mieux encore, je peux vous assurer qu'il aurait marqué plus de buts que la saison dernière. Quant à Keita, qui avait réalisé une grosse saison, il sera aisément remplacé par un Adiko par exemple, même si ce n'est pas son poste d'origine, ce dernier a montré de grandes capacités. Il y a aussi Lemouchia et Benchaïra qui sont d'excellents garçons à ce poste, donc il n'y a pas lieu de s'inquiéter.
Après avoir opté pour les entraîneurs étrangers durant plusieurs saisons, la tendance actuelle des clubs algériens va vers un retour à la compétence nationale, quelle est votre explication ?
Le gros problème, c'est que les présidents qui arrivent aujourd'hui ne connaissent pas le milieu réel des spécialistes et des techniciens algériens. C'est simple : il y a beaucoup d'entraîneurs de grande qualité et de haute compétence qui ne travaillent pas ; alors que parmi ceux qui exercent depuis quelque temps en NI et en Super DII il y en a qu'il faudrait rayer carrément de la liste des entraîneurs et à jamais. Et je n'ai pas peur de le dire, car ce sont des intrus et des imposteurs qui ont beaucoup porté préjudice au métier noble d'entraîneur. J'en connais au moins cinq qui feraient mieux de s'arrêter tellement ils ne sont obnubilés que par le gain et cultivent certaines pratiques en payant des dirigeants ou des journalistes pour prendre en main des équipes. Je suis donc pour la revalorisation des compétences nationales.
Pour moi, il n'y a qu'un technicien étranger qui a réussi c'est M. Chay du fait peut-être qu'il est un Breton (rires) et qu'il est plus proche de la mentalité kabyle. J'ai apprécié son passage car il a fait ce qu'il fallait faire. Ce qui n'est pas le cas pour les autres, même si M. Nouzaret a tenté d'apporter un plus sur le plan organisationnel, mais malheureusement pour lui il s'est mis à dos une partie des joueurs. Cela ne veut pas dire que nous sommes des papas gâteaux, mais on ne peut jamais minimiser un joueur en l'humiliant en tant qu'être humain. Cela dit, je ne suis pas du tout contre les entraîneurs étrangers à condition qu'ils soient à la hauteur de leur réputation, qu'ils soient capables de tenir longtemps et réaliser un excellent travail, sachant qu'ils ont à chaque fois la difficulté d'un environnement qu'ils ne connaissent pas. L'Algérie, ce n'est pas encore le Maroc ou la Tunisie sur le plan organisationnel où les dirigeants investissent et non pas le contraire, même si on a de meilleurs joueurs. La preuve est que Roger Lemerre est sélectionneur de la Tunisie depuis quatre ans ou plus.
Ce qui est apparemment votre avis sur l'équipe nationale où l'option nationale est prépondérante. Peut-on avoir plus d'explications au moment où le débat est bien lancé après l'élimination de notre sélection à la prochaine CAN-2008 ?
Cela s'applique évidemment à l'équipe nationale où certains journalistes pensent qu'il faut une grosse pointure pour monter les bons chevaux qu'on ne sait pas monter. Et toute la différence est là : nous n'avons pas les bons chevaux et donc il ne faut pas chercher la grosse pointure. Vu que 70% des joueurs professionnels qui composent la sélection nationale ont leur équivalent ou mieux au niveau national, je préfère opter pour les joueurs locaux avec un apport de six ou sept parmi les meilleurs professionnels.
On serait plus gagnant en argent, en temps de travail, en progression, en perfectionnement et en résultats si on travaillait avec des joueurs locaux qu'on pourrait regrouper facilement et à tout moment. Je ne suis pas contre les pros, bien au contraire les meilleurs viendront en appoint. Aujourd'hui, l'Egypte, championne d'Afrique en titre, repose à 90% sur les joueurs locaux notamment ceux du Ahly, et c'est ce que nous faisions par le passé. Ce qui est certain, c'est que nous avons une équipe qui peut se qualifier en phase finale de la CAN ou même en Coupe du monde, sans toutefois être parmi les meilleures nations du continent car nous avons beaucoup de retard à combler et de travail à accomplir.
Les phrases clés
l «La direction du CS Constantine m'a envoyé en "congé de maladie" pour avoir perdu un match.»
l «Il y en a qu'il faudrait rayer carrément de la liste des entraîneurs et à jamais.»
l «C'est donc un bon challenge qui nous attend, d'autant que j'ai toujours joué les premiers rôles avec des équipes moins nanties. J'espère que j'en ferai autant avec l'Entente.»
l «Pour moi, il n'y a qu'un technicien étranger qui a réussi c'est M. Chay du fait peut-être qu'il est un Breton (rires) et qu'il est plus proche de la mentalité Kabyle.»
l «Franchement, je voyais autrement la préparation de l'Entente vu que l'équipe a été très sollicitée la saison dernière sur tous les tableaux.»
l «Il y a beaucoup d'entraîneurs de grande qualité et de haute compétence qui ne travaillent pas chez nous.»
l «On serait plus gagnant en argent, en temps de travail, en progression, en perfectionnement et en résultats si on travaillait avec des joueurs locaux qu'on pourrait regrouper facilement et à tout moment en équipe nationale.»
l «L'actuel début de saison a prouvé que c'était une mauvaise idée d'imposer un contrat de deux ans.»
l «Je ne vous cache pas que le challenge du RCK m'a intéressé au départ, bien que j'aie découvert que le discours était faux par la suite.»
l «C'est malheureux ce qui arrive aux entraîneurs, mais c'est beaucoup moins malheureux pour les techniciens étrangers qui, j'en suis convaincu, repartent avec un bon pactole dans la valise.»


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