Descartes, qui pense que ses rêves ont déterminé dans une large partie sa pensée, les explique, lui, autrement. Rappelons qu'au moment de s'endormir, il pensait posséder, à lui seul, une science, les mathématiques, qui allait lui permettre d'embrasser toutes les autres sciences. Les vents violents, les fantômes du premier rêve, ses démons personnels, viennent lui dire que son ambition est démesurée et qu'il doit revenir à plus de modestie. Il croit posséder la science et marcher droit, mais voilà qu'il vacille et qu'il ne tient pas sur son côté droit, symbole de sa volonté. Il croyait les autres dans l'erreur, mais voilà qu'ils marchent droit et qu'ils jouissent, contrairement à lui, d'une grande stabilité. Pour Descartes, le message du rêve est clair : c'est lui qui est dans l'erreur et les autres qui sont dans la vérité, il doit donc revoir sa démarche intellectuelle. Il interprète le vent violent comme le souffle de l'esprit, bon ou mauvais. Le fait qu'il soit repoussé vers l'église et le collège indique qu'il a encore des choses à apprendre et qu'il doit faire preuve de plus d'humilité. Les ténèbres du deuxième rêve, puis le coup de tonnerre qui fait jaillir des étincelles, c'est l'opposition entre conscience et inconscience, l'ignorance et le savoir. C'est pour le philosophe une prise de conscience, un jaillissement qui annonce son œuvre scientifique et philosophique. Le dernier rêve est presque un rêve lucide. Descartes est angoissé par le sens qu'il doit donner à sa vie. Les pages, qui manquent au dictionnaire, indiquent que le savoir est incomplet et qu'il doit être complété. Et c'est ce qu'il va s'atteler à faire toute sa vie !