Après le rêve qui l'a effrayé, Descartes se rendort. C'est alors qu'il entend comme un coup de tonnerre. Il dormait dans l'obscurité quand sa chambre se remplit d'étincelles. Il ne sait pas s'il dort ou s'il est éveillé. Il ouvre et ferme les yeux. Il se rendort et il fait un troisième rêve. Il est à sa table de travail, avec un dictionnaire ou une encyclopédie. Il veut le prendre, mais c'est un autre ouvrage qu'il prend, le Corpus poetarum, un manuel de poésie. Il ouvre le livre au hasard et tombe sur ce vers, en latin : «Quad vitas sectabor iter ? Quel chemin suivrai-je dans la vie ?» Il voit un inconnu apparaître dans la chambre. Il le regarde, puis il parle avec lui de l'ambiguïté de la vie, en évoquant le «Oui» et le «Non» de Pythagore. Brusquement, le manuel disparaît tandis que l'encyclopédie réapparaît à l'autre bout de la table. Descartes la prend, la feuillette et remarque qu'il lui manque des pages. Il veut essayer de les retrouver, mais il n'y parvient pas. Ces rêves, comme nous l'avons dit, ont beaucoup influencé Descartes. C'est, selon les termes de la psychologie moderne, des rêves lucides. Descartes, en tout cas, pense qu'ils ont déterminé dans une large partie sa pensée et son orientation. Rappelons qu'au moment de s'endormir, il pensait posséder, à lui seul, une science, les mathématiques, qui allait lui permettre d'embrasser toutes les autres sciences. Les vents violents, les fantômes du premier rêve, ses démons personnels, viennent lui dire que son ambition est démesurée et qu'il doit revenir à plus de modestie.