Impact n Les nouvelles technologies introduites dans le secteur des P et T sont loin de faire disparaître le métier de postier, même si ce lien social tend à se perdre. Naguère, le postier était considéré comme un membre à part entière de la famille. Qu'il pleuve ou qu'il neige, il se permettait d'entrer sans frapper chez les gens. Il était au courant du mariage d'un proche, du divorce de la fille, de la réussite au bac d'un enfant ou de la mort d'un grand-père dans le lointain bled. Le lien affectif qu'il nouait avec la famille lui permettait d'être considéré comme un proche, certains allant même jusqu'à lui laisser les clés de la maison. Sous sa légendaire casquette, sa mine aimable inspirait la confiance. Chéri par les petits, il était respecté par les grands. A pied, parcourant des kilomètres, il avait toujours des forces pour laisser apparaître un sourire en coin. Dans son uniforme, il s'en allait d'un bon pas en saluant toutes les personnes rencontrées sur son passage au cours de sa tournée. Il faisait partie du quartier dont il connaissait tous les coins et recoins, les ruelles et chaque maison. Il était, en quelque sorte, le guide de toute personne étrangère à la localité. Aujourd'hui, le «parent» d'antan n'est plus ! Du beau portrait, il ne reste que le geste machinal de transmettre un courrier, sans plus. Et quel courrier… quittance de gaz et d'électricité, factures d'eau et de téléphone, convocation au tribunal…que des mauvaises nouvelles ! La poste tente, aujourd'hui, d'adapter son offre à l'évolution technologique qu'a connue ce secteur et aux besoins de qualité des prestations du service public au regard de la rude concurrence qui tend à s'installer avec l'ouverture du marché. C'est pourquoi les postiers actuels semblent déterminés à assurer, pour ce qui les concerne, la réussite des objectifs de modernisation de la poste dans une perspective d'amélioration des services présentés aux citoyens. Mais les avis divergent. Si pour certains, cette réorganisation du travail des postiers à travers la délocalisation des services de tri et de distribution du courrier a procuré de meilleures conditions de travail aux facteurs, d'autres, plus particulièrement les postiers retraités, attestent du contraire et mettent en avant «une dégradation qui ne tardera pas à se répercuter sur la qualité du service et les relations de proximité et du lien social» qui sont, déplorent-ils, déjà rarissimes. Pour eux, le temps où les facteurs se disputaient pour avoir à distribuer le courrier dans tel ou tel quartier au détriment d'un autre est bien révolu car plus aucun lien personnel ou affectif n'existe entre le postier et ses clients. Aujourd'hui, cette relation de proximité qui assurait une cohésion sociale entre les citoyens du quartier tend à disparaître devant les différentes mutations qu'a connues notre société.