Constat n «Les hydrocarbures étant une ressource non renouvelable, il faut, pour cela, considérer que chaque quantité exportée est un appauvrissement de la l'Algérie au profit du reste du monde.». C'est devant une assistance nombreuse que s'est exprimé l'ancien Chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, lors du forum Les Débats d'El Watan organisé, jeudi, à l'hôtel international Mercure. Pour M. Benbitour, en dépit de l'aisance financière caractérisée par un niveau élevé des réserves de changes (68 milliards de dollars) et des exportations de 46 milliards de dollars en 2005, l'Algérie a une économie dépendante et reste loin de la performance économique. Pour mieux convaincre l'assistance, l'ancien Chef du gouvernement a opté pour la précision dans la présentation des chiffres. Voulant démentir, voire démonter les chiffres présentés par les gouvernements successifs sur l'apport des investisseurs étrangers à l'économie algérienne, Ahmed Benbitour a révélé que notre pays a enregistré l'entrée de 1,020 milliard de dollars d'investissements directs étrangers et la sortie de 4, 740 milliards de dollars de bénéfices rapatriés en 2005. Il a ajouté que ces bénéfices dépasseront 10 milliards de dollars en 2007, en faisant l'amer constat que l'Algérie va transférer vers l'extérieur en bénéfices rapatriés plus qu'elle n'a payé en services de la dette. L'expert en économie a révélé également que 46,6% des recettes d'exportations ont financé des déficits anormaux. Pour lui, l'excédent de la balance commerciale a servi à la fois au financement des déficits des services non facteurs et des services facteurs, les premiers à hauteur de 2 160 millions de dollars et les seconds à hauteur de 4 920 millions de dollars. M. Benbitour a souligné que plus de 1 630 milliards de dinars, soit l'équivalent de 22 milliards de dollars, ne sont pas exploités. M. Benbitour ne semble pas être convaincu que l'Etat ait exploité dans le développement de l'économie les recettes pétrolières estimées à plus de 45 milliards de dollars en 2005 et des réserves de change de 65 milliards de dollars. A cet effet, il a mis en garde les autorités sur le risque d'une très forte dichotomie que la société risque de connaître dans les années qui viennent, avec l'écart existant entre les couches sociales. A cet effet, et pour éviter l'éclatement de la société, M. Benbitour interpelle les autorités sur la nécessité d'une intervention publique dans l'urgence sociale et la nécessité de construire des institutions politiques démocratiques plus solides. Dans cette perspective, le conférencier a insisté sur la nécessité d'engager une nouvelle politique économique et ne pas se contenter de programmes de relance économique.