L'ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, a réitéré, hier à Alger, son appel de revoir les politiques économiques suivies actuellement par l'Algérie qui fait face, selon lui, à un grave problème de dépendance des ressources pétrolières. Invité par la fondation allemande Friedrich-Ebert pour un débat sur le thème : « L'Algérie de l'après-pétrole, les enjeux économiques stratégiques », M. Benbitour a d'abord indiqué que le contexte international dans lequel l'économie nationale évolue se caractérise par la croissance du secteur des services, la globalisation des productions, du commerce et des finances. Il dira, par la suite, que notre économie recèle des potentialités de développement énormes mais que « les politiques économiques suivies actuellement » hypothèquent l'avenir des générations futures. Tout en faisant remarquer que les recettes budgétaires proviennent de la fiscalité pétrolière à hauteur de 76%, le conférencier notera que les indices macroéconomiques montrent bien que « l'économie algérienne, vulnérable et volatile, s'enfonce de plus en plus dans la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures ». Se voulant plus précis, le docteur en économie constatera qu'en plus d'une « faiblesse chronique de gestion », le patrimoine de l'Algérie « est fortement menacé par l'évolution du pays en termes de démographie, d'aménagement du territoire et de choix économiques ». Les hydrocarbures, affirme M. Benbitour, constituent la source principale de devises (98,3%), une source de recettes budgétaires importantes par la fiscalité pétrolière (76%) et une source d'énergie pour le fonctionnement de l'économie. Selon le conférencier, « les implications du secteur des hydrocarbures dans l'économie algérienne font de ce secteur un sujet de débats et de controverses portant notamment sur la question de savoir s'il faut garder les hydrocarbures dans le sous-sol pour les générations futures ou bien faut-il les extraire et à partir des recettes en devises de leur vente et de la fiscalité pétrolière assurer un développement économique et social durable ? » Il dira à cet effet que « les hydrocarbures étant une ressource non renouvelable, il faut bien considérer que chaque quantité de pétrole et de gaz exportée est au départ un appauvrissement de la nation au profit du reste du monde ». Selon le conférencier, « l'utilisation qui est faite des recettes en devises et de la fiscalité pétrolière devrait être un investissement sur l'avenir et non une dilapidation d'une ressource non renouvelable ». D'autant plus que, ajoute M. Benbitour, « les experts affirment que les réserves prouvées de pétrole et de gaz seront en déclin à partir de 2015/2020 ». En termes de perspectives, l'ex-Premier ministre suggère d'abord de régler le problème de la crise de confiance qui prévaut dans le pays et de mettre en œuvre ensuite une série de réformes et de restructurations devant toucher, entre autres, la justice, les banques, l'énergie et Sonatrach.