Les salles de fêtes sont réservées nuit et jour, les voitures se couvrent de fleurs et les orchestres, interdits sous les taliban, peinent à répondre à la demande : la saison des mariages bat son plein à Kaboul, avant le début du mois saint de jeûne de ramadan. Limousines et Mercedes ornées de fleurs artificielles aux couleurs éclatantes et minibus remplis de femmes chantant au son des tambours parcourent les rues de la capitale, au cours des ultimes journées de noces avant le ramadan. Les couples se hâtent de sceller leur union avant cette date, sous peine de devoir attendre jusqu'à l'année prochaine. Après ce mois sacré peu propice aux noces, la croyance populaire afghane déconseille en effet les mariages entre les fêtes de l'Aïd el-Fitr, qui marque la fin du ramadan, et de l'Aïd el-Adha, deux mois et dix jours plus tard. Les patrons de salles de mariage, qui accueillent la principale cérémonie et la réception pendant une journée, se frottent les mains. «C'est le moment de travailler, de gagner de l'argent, nous nous reposerons pendant les trois mois suivants et peut-être même pendant tout l'hiver», explique Mohamad Ismaïl, gérant de la salle Kabul Asia aux parois couvertes de verre bleu. «Nous avons une réservation tous les jours et il ne nous reste qu'une disponibilité pour le déjeuner la veille du ramadan», indique-t-il. Fawad Vidéo, la plus célèbre société de réalisation de films de mariage à Kaboul, a aussi un carnet de commandes plein jusqu'au ramadan. «Nous sommes pleins tous les jours, s'excuse le propriétaire, Fawad. Nous devons travailler sur une fête par jour, parfois deux.»