Résumé de la 5e partie n Les épithètes n'ont pas manqué pour décrire le «Titanic» à sa sortie des chantiers navals : gigantesque, formidable, fantastique, stupéfiant et surtout insubmersible. C'est en 1907, au cours d'un dîner de gala, en compagnie de Lord James Pirrie, patron de la Harvard and Wolf, que J. Bruce Ismay, se saisissant d'une serviette de table, dessine l'esquisse de trois bateaux : «Les plus grands, les plus puissants et les plus luxueux de tous les temps !» Le regard enflammé, il ajoute : «Je leur ai déjà trouvé des noms, des noms à la mesure de leur puissance : l'”Olympic”, le ”Giogantic” et le ”Titanic”, les géants des mers !» Le patron de la plus grande entreprise de construction navale du monde de l'époque, la Harvard and Wolf de Queen Island, près de Belfast, en Irlande du Nord, est alléché. Il écoute les explications de Ismay et finit par dire : «Tout cela est réalisable, cela va coûter beaucoup d'argent, mais c'est réalisable ! — Dans quels délais pensez-vous réaliser les bateaux ? — Nous allons commencer le plus tôt possible, dans quatre ou cinq ans, nous pourrons les mettre en service. — La White Star Line montrera ainsi qu'elle est toujours la plus grande !» A cette époque, la White Star est l'une des plus grandes compagnies du monde, mais elle est talonnée de près par d'autres sociétés, décidées à gagner, comme on l'appelait alors, «la bataille de l'Atlantique» : ce serait à qui construirait le navire le plus rapide, capable de relier, en un temps record, l'Amérique à l'Europe ! C'était la course aux innovations techniques, aux navires à la fois rapides, sûrs et luxueux, pour séduire le plus de clients. La White Star Line a été fondée au XIXe siècle par Thomas Ismay qui l'a dirigée d'une main de fer jusqu'à sa mort. Son fils aîné, Bruce, qui a pris la succession, l'a vendue au début du XXe siècle à un trust américain, l'International Mercantile Maritime qui, regroupant plusieurs sociétés, possède les moyens d'affronter la concurrence. Ismay, demeuré directeur de la White Star, dispose maintenant de grands moyens financiers pour mener la bataille de l'Atlantique qui lui tient à cœur. Le chantier naval, chargé de la construction des paquebots, la Harvard and Wolf, est la plus grande entreprise du genre dans le monde : elle employait 14 000 ouvriers et disposait d'une équipe d'ingénieurs, parmi les meilleurs de l'époque. La compagnie était capable de construire huit bateaux en même temps ! En décembre 1908, on commence la construction de l'«Olympic», trois mois après, le 31 mars 1909, c'est au tour du «Titanic» d'être mis en chantier. Il faudra deux ans pour finir sa coque qui, avec son poids, est la plus grande et la puissante jamais construite pour un bateau. Pour la mettre à flot et lui permettre de glisser dans l'eau, il faudra pas moins de 20 tonnes de savon et de suif et cinq puissants remorqueurs. Il faudra encore plusieurs mois de travail pour installer tous les équipements sur le bateau... (à suivre...)