Résumé de la 22e partie n Les passagers de première classe insistent pour prendre leurs bagages ; les officiers et les stewards refusent. Le fumoir de la première classe grouille de monde. On parle, on commente l'événement, on discute des chances du «Titanic» de s'en sortir. «Un bateau insubmersible ! — On nous a menti ! — De la publicité mensongère !» Le colonel Archibald Gracie, lui, regarde avec curiosité ces hommes et ces femmes en proie au désarroi. Si ce n'était le caractère dramatique de la situation, il aurait ri du spectacle qui s'offrait à ses yeux : des hommes et des femmes de la meilleure société qui, habituellement, sont habillés avec élégance, se présentent en pantoufles et en pyjama... Il est vrai que beaucoup ont jeté sur leurs épaules des manteaux de fourrure de grand prix, mais affolés, ils n'ont pas eu le temps de s'habiller... «Voyons, messieurs dames, un peu de retenue !» On se tourne vers lui. «Que pensez-vous de la situation, colonel ? — C'est très gênant ce qui arrive, mais c'est courant sur les mers... — Pas avec un bateau comme le “Titanic” ! — On nous a assurés qu'il était insubmersible !» Il a envie de sourire mais ces gens affolés lui font pitié. «Nous ne risquons rien...» Un homme s'exclame : «J'ai entendu un officier dire qu'il n'y a pas assez de canots, on ne pourra pas évacuer tout le monde !» Une femme intervient : «Les passagers de première classe sont prioritaires ! — Vous croyez ? demande quelqu'un. — Bien sûr, nous avons payé cher nos billets ! — C'est vrai ce qu'elle dit, renchérit une dame, il est normal que nous soyons sauvés en premier !» Archibald Gracie est écœuré par cet égoïsme, mais il ne dit rien : tout le monde, assurément, serait contre lui. A ce moment-là, des éclairs déchirent le ciel. «Qu'est-ce que c'est que… ? demande une dame, effrayée. — Des éclairs, un orage, répond une autre, il ne manquait plus que cela ! — Ce n'est rien, dit le colonel, c'est une fusée ! — Une fusée ? — Oui, c'est pour que les bateaux nous voient et viennent dans notre direction... — Espérons qu'il passe des bateaux dans la zone où nous sommes ! — Ne vous inquiétez pas, des signaux de détresse ont été envoyés, plusieurs bateaux sont en route !» (à suivre...)