Résumé de la 37e partie n La négresse errante raconte aux deux voyageurs l'histoire d'un homme qui fait un rêve, sous l'emprise de la drogue, dans un hammam. «Alors il devint bien confus et il ramena sur ses jambes la serviette et dit lamentablement à ceux qui riaient : ”Pourquoi avez-vous enlevé la fillette, ô bonnes gens ?” A ces paroles, ils trépignèrent de joie et se mirent à battre des mains et lui crièrent : ”N'as-tu pas honte, ô mangeur de hachisch, de tenir de pareils propos sous l'effet de l'herbe que tu as avalée ?”» A ces paroles de la négresse, Kanmakân ne put se retenir plus longtemps et se mit à rire tellement qu'il se convulsa de joie. Puis il dit à la négresse : «Quelle histoire délicieuse ! De grâce, hâte-toi de m'en dire la suite qui doit être admirable aux oreilles et exquise à l'esprit !» Et la négresse dit : «Certes, ô mon maître, la suite est tellement merveilleuse que tu en oublieras, en vérité, tout ce que tu viens d'entendre ; et elle est tellement pure et savoureuse et étrange que même les sourds s'en trémousseraient de plaisir !» Et Kanwakân dit : «Ah ! continue alors ! Je suis dans un ravissement extrême !» Or, comme la négresse se disposait à narrer la suite de son histoire, Kanmakân vit arriver et s'arrêter devant sa tente un courrier à cheval qui, ayant mis pied à terre, lui souhaita la paix ; et Kanmakân lui rendit son salam. Alors le courrier lui dit : «Seigneur, je suis un des cent courriers que le grand vizir Dandân a envoyés dans toutes les directions pour essayer de trouver les traces du jeune prince Kanmakân, qui depuis trois années est parti de Bagdad. Car le grand vizir Dandân a réussi à soulever toute l'armée et tout le peuple contre l'usurpateur du trône d'Omar Al-Nemân ; et il a fait prisonnier l'usurpateur et l'a enfermé dans le cachot le plus souterrain. Aussi, à l'heure actuelle, la faim, la soif et la honte ont dû lui enlever l'âme ! Voudrais-tu me dire, ô seigneur, si, par hasard, tu n'aurais pas rencontré, un jour, le prince Kanmakân, à qui revient de droit le trône de son père ?» Lorsque le prince Kanmakân... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. Lorsque vint la cent quarante troisième nuit, elle dit : Lorsque le prince Kanmakân eut entendu cette nouvelle si inattendue, il se tourna vers son fidèle Sabah et, d'une voix très calme, il lui dit : «Tu vois, ô Sabah, que toute chose arrive au temps qui lui est fixé. Lève-toi donc et allons à Bagdad !» A ces paroles, le courrier comprit qu'il se trouvait en présence de son nouveau roi, et aussitôt il se prosterna et baisa la terre entre ses mains comme firent aussi Sabah et la négresse. Et Kanmakân dit à la négresse : «Tu viendras aussi avec moi à Bagdad, où tu achèveras pour moi cette histoire du désert !» Et Sabah dit : «Permets-moi alors, ô roi, de courir te précéder pour annoncer ton arrivée au vizir Dandân et aux habitants de Bagdad !» Et Kanmakân le lui permit. Puis, pour récompenser le courrier de sa bonne nouvelle, il lui céda, comme cadeau, toutes les tentes, tous les bestiaux et tous les esclaves qu'il avait conquis dans ses luttes de trois ans. Puis, précédé par le Bédouin Sabah et suivi par la négresse juchée sur un chameau, il partit pour Bagdad au grand trot de son cheval Katoul. Or, comme le prince Kanmakân avait pris soin de se laisser distancer d'une journée par son fidèle Sabah, celui-ci avait mis en quelques heures toute la ville de Bagdad en émoi. Et tous les habitants et toute l'armée, avec le vizir Dandân en tête et les trois chefs Rustem, Turkash et Bahramân, étaient sortis hors des portes attendant l'arrivée de ce Kanmakân qu'ils aimaient et qu'ils n'espéraient plus revoir ; et ils faisaient des vœux pour la prospérité et la gloire de la race d'Omar Al-Némân. (à suivre...)