Ils étaient des milliers à tenter, ce samedi matin, de se frayer un chemin autour du domicile de Muhammad Yunus, dans la banlieue de Dacca, pour féliciter le lauréat du prix Nobel de la paix avec sa banque de micro-crédit, la Grameen Bank, cette banque spécialisée dans l'octroi de micro-crédits à des personnes insolvables. «C'est le plus grand moment de fierté pour les Bangladais», exulte un jeune dont la mère a eu recours à un prêt salvateur de la Grameen. «Je suis ravi qu'il ait remporté le prix parce que ce qu'il a fait pour moi et pour des milliers de familles, c'est tout simplement fabuleux. Je suis ici pour le remercier de ce qu'il a fait pour nous», ajoute-t-il. En aidant les plus déshérités du Bangladesh, la Grameen Bank cherche à briser le cercle vicieux de l'exploitation des plus pauvres par les usuriers. Plus de six millions de Bangladais déshérités — surtout des femmes de foyers ruraux sans terre — sont sortis de la misère grâce au microcrédit inventé par Muhammad Yunus, surnommé le «banquier des pauvres», dans un pays où la moitié des 130 millions de Bangladais vivent avec moins d'un dollar par jour. Professeur d'économie âgé de 66 ans, M. Yunus avait fondé sa banque en 1976 pour offrir un accès au crédit aux plus pauvres et leur permettre d'échapper ainsi à la misère. Il a annoncé hier qu'il ferait don à des bonnes œuvres de sa part de la récompense totale de 1,4 million de dollars (1,1 millions d'euros) du Prix Nobel de la paix. Dithyrambique, la presse bangladaise faisait également l'éloge de Muhammad Yunus : «Nous rêvons tous, mais le rêve du professeur Yunus est un rêve audacieux», titrait le quotidien de langue anglaise Daily Star.