Le prix Nobel de la paix est remis ce dimanche à Oslo au Bangladais Muhammad Yunus, surnommé le "banquier des pauvres", et à sa Grameen Bank, récompensés pour avoir contribué à la sécurité mondiale en aidant des millions de démunis à s'extirper de la misère grâce à des micro-crédits. Les prix Nobel de littérature, de chimie, de physique, de physiologie (ou médecine) et de sciences économiques seront remis à Stockholm un peu plus tard dans la journée. Représentée par la Bangladaise Mosammat Taslima Begum, qui a elle-même échappé à la misère grâce à un micro-crédit et qui siège aujourd'hui à son conseil d'administration, la Grameen Bank et son fondateur, Muhammad Yunus, recevront le prix de la paix à 12H30 GMT des mains du président du comité Nobel, Ole Danbolt Mjoes. "La pauvreté est une menace pour la paix (...). Cela a déjà été dit dans le passé mais jamais d'une manière aussi retentissante" qu'avec ce Nobel, a affirmé M. Yunus samedi lors d'une conférence de presse dans la capitale norvégienne. L'octroi de prêts minuscules et sans garantie a permis à des millions de personnes de sortir de la pauvreté en achetant des outils, des animaux ou des téléphones portables avec lesquels elles ont lancé une activité artisanale, un élevage ou une petite entreprise. La pratique du micro-crédit a essaimé: plus de 100 millions de personnes y ont eu recours à travers le monde. Les bénéficiaires des micro-crédits de la Grameen Bank sont à 97% des femmes. Mosammat Taslima Begum a elle-même commencé en 1992 avec un emprunt d'une vingtaine de dollars qui lui a permis d'acheter une chèvre. Le prix Nobel consiste en un diplôme, une médaille en or et un chèque de 10 millions de couronnes suédoises (environ 1,1 million d'euros) qui, a assuré M. Yunus, seront utilisés pour une bonne cause. Le prix Nobel de la paix 2006, le Bangladais Muhammad Yunus, a affirmé samedi à Oslo que son pays, l'un des plus déshérités au monde, était sur la bonne voie pour réduire la pauvreté de moitié grâce au microcrédit, estimant aussi que la recette était universelle. Les progrès réalisés depuis 15 ans "mettent le Bangladesh sur la bonne voie pour atteindre les objectifs du Millénaire" de l'ONU qui visent à diviser par deux la pauvreté dans le monde entre 1990 et 2015, a déclaré M. Yunus à la veille de recevoir le Nobel. "Si le Bangladesh peut le faire, tout le monde peut le faire", a ajouté l'économiste philanthrope, âgé de 66 ans, au cours d'une conférence de presse à l'Institut Nobel. Surnommé le "banquier des pauvres", Muhammad Yunus partage la prestigieuse récompense avec la Grameen Bank, son établissement spécialisé dans les prêts aux nécessiteux.