Pauvreté n Près d'un tiers des élèves scolarisé éprouvent des difficultés à acheter leurs livres en raison de leurs prix exhorbitants. Les gérants des établissements scolaires peuvent, eux aussi, être responsables du déficit enregistré en matière de manuels scolaires, estime le président du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), Meziane Meriane. Même s'il est du devoir du ministère, dit-il, «d'effectuer un suivi rigoureux pour s'assurer que chaque élève est en possession de cet outil de travail qui est très important». Il ajoute que le problème du livre ne se limite pas seulement à sa disponibilité, mais que son prix aussi est excessivement élevé. C'est pourquoi, explique-t-il, un élève sur trois ne possède pas tous les livres scolaires nécessaires à son cursus, ce qui fait que trois millions d'élèves sur les neuf millions scolarisés sont dépourvus de cet outil. A ces dépenses, déjà insurmontables pour les parents démunis, viennent s'ajouter les frais d'examens du baccalauréat et du BEF qui ne cessent de s'alourdir d'année en année. Cette augmentation est due au fait que «les prix des copies des examens et la rémunération des journées de surveillance ont doublé. En conséquence, cette quote-part, qui devrait être assurée par le ministère de l'Education, est mise au passif de l'élève», indique M. Meriane. L'autre carence soulevée par notre interlocuteur concerne la surcharge des classes qui, selon lui, a dépassé de loin le seuil toléré par les pédagogues qui est de 26 élèves par classe. «L'ouverture de nouveaux établissements n'a, malheureusement, pas été suivie de nouveaux postes budgétaires. On continue à fonctionner avec le même effectif. Il n'est donc pas étonnant que le taux d'occupation des classes demeure identique», souligne le président du Cnapest qui regrette, par ailleurs, la décision du ministère de l'Education de reporter l'enseignement de la langue française à la troisième année primaire à la prochaine rentrée scolaire. Pour lui, le grand écart remarqué dans le niveau d'acquisition de cette langue entre les régions du littoral et les wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux ne peut justifier cette décision. «Il faut placer la barre très haut et prendre en charge le recyclage des enseignants si on veut sortir de ce labyrinthe obscur où patauge l'école algérienne. Les nouveaux programmes mis en œuvre par le ministère n'ont rien à envier à ce qui est dispensé dans les pays développés. L'espoir est donc permis, pour peu que la réforme réussisse», a t-il tenu à préciser. «Il aurait fallu plutôt se pencher sur la lourde charge horaire imposée aux élèves, d'autant plus que ces derniers ne décompressent pas pour récupérer des efforts fournis. En l'absence de loisirs et de moyens de distraction, nos élèves sont surmenés et déboussolés», conclut M. Meriane.