Dépense n Aujourd'hui, on estime qu'à la rentrée scolaire, les parents déboursent, en moyenne, 6 000 DA pour un seul enfant. Selon les chiffres du ministère de l'Education, les besoins de l'école algérienne, tous secteurs confondus, en livres scolaires, s'élèvent cette année à quelque 65 millions d'unités. Il est enregistré un déficit de plus de 7 millions de livres puisque seuls 58 millions ont été confectionnés. Le livre scolaire coûte cher à l'Etat. D'où la décision prise, il y a quelques années, de faire participer les parents d'élèves dans le financement de sa confection. Les manuels qui étaient offerts aux élèves chaque début d'année, coûtent désormais cher aux parents. Pour pallier les difficultés rencontrées parfois dans la distribution, le ministère a sollicité les services du privé pour intervenir dans le processus qui, jusque-là, était du ressort exclusif de l'Onps (Office national des publications scolaires). Pour l'instant, les librairies privées ne participent qu'à la distribution des manuels, en attendant l'ouverture de la production aux opérateurs privés. Le livre a atteint des prix exorbitants même s'il est vendu par l'Onps au prix de revient. Selon la matière traitée, le volume et d'autres critères, le prix varie entre 120 et 240 DA. Une dizaine de manuels en moyenne est nécessaire pour chaque élève. Ce qui fait que le prix du lot varie, selon le palier, de 1 200 à 2 400 DA. Sachant que ce prix est inaccessible pour de nombreuses familles, les autorités ont décidé dans un geste de solidarité, d'offrir les manuels aux enfants issus de familles démunies. Une mesure a priori louable mais loin de satisfaire le porte-parole du CLA. «C'est une manière de renforcer les inégalités et de créer des clivages entre les élèves issus de différentes couches sociales», dénonce Osmane Redouane qui se demande pourquoi l'Etat ne reprend pas carrément la politique de subvention du livre scolaire. Outre le livre, les parents doivent également s'acquitter de la facture des autres fournitures scolaires (cartable, cahiers…), ainsi que des frais d'inscription. Aujourd'hui, on estime qu'à la rentrée scolaire, les parents déboursent, en moyenne, 6 000 DA pour un seul enfant. Si l'on prend cette année où la rentrée coïncide avec le début du ramadan et la flambée des prix qui l'accompagne, il est facile de deviner le désarroi des parents qui ont deux ou trois chérubins scolarisés. Depuis quelques années, les plus nantis peuvent se permettre des cours de soutien. La plupart des enseignants ont transformé leur salon en salle de classe et reçoivent leurs élèves en dehors des horaires de travail pour leur dispenser les cours qu'ils sont censés leur expliquer gratuitement en classe. A raison de 300 à 700 DA par élève, suivant le coefficient de la matière enseignée, les enseignants arrivent à arrondir leurs fins de mois et bien plus. Certains roulent même en voitures luxueuses qu'ils n'auraient sans doute jamais pu acquérir avec leurs maigres salaires puisqu'ils demeurent la catégorie la moins rémunérée de la Fonction publique. Le phénomène a pris de l'ampleur au fil des années et il a atteint même les paliers inférieurs (primaire et moyen). Une pratique d'une extrême gravité a fait son apparition par le fait de certains enseignants sans scrupules qui, pour attirer plus de «clients», se contentent de faire des explications sommaires en classe et se montrent plus loquaces et plus patients en cours de soutien, ou alors proposent aux élèves, comme sujets d'examens, des leçons qu'ils ont pris le soin de leur inculquer préalablement durant les cours de soutien. Les bonnes notes glanées par les «clients» de l'enseignant indélicat laissent alors l'impression auprès des autres élèves que les cours de soutien sont nécessaires pour la réussite…